Les grandes familles propriétaires de nombreux chevaux ne sont plus légion. Afin de donner envie à de nouveaux profils d’investir dans les équidés, Élie Hennau, directeur général de France Galop depuis avril, déploie le "plan propriétaires". Il travaille également à faire basculer les hippodromes vers le "sportainement".

Décideurs. Avant d’intégrer France Galop en avril, vous travailliez chez AXA. Pourquoi avoir rejoint le monde des courses ?

Élie Hennau. J’ai grandi dans une famille très investie dans les courses, avec notamment un grand-père éleveur et un père entraîneur. Même si mon père me consacrait peu de temps, il m’a communiqué l’amour des chevaux, des courses, des compétitions et l’esprit d’équipe. J’ai moi-même monté en course en tant que jockey amateur en France et à l’international. Alors que je voulais rejoindre ce milieu professionnel, mes parents m’ont poussé à faire des études. Après une école de commerce, j’ai travaillé chez Deloitte et AXA, notamment sur la stratégie du groupe, en qualité de patron de région et directeur technique des opérations pour les services aux clients. Ces expériences nourrissent aujourd’hui ma fonction de directeur général chez France Galop. Je suis fier et ravi de pouvoir combiner cette passion avec ma vie professionnelle.

Comment se porte le secteur des courses de plat et d’obstacle en France ?

Nous sommes le pays des courses de chevaux. Chaque année, 17 000 courses de très haut niveau sont organisées en France, 2 millions de spectateurs viennent y assister et nous disposons de 233 hippodromes. Nos chevaux sont de qualité et l’élevage français se porte et s’exporte très bien. Toutefois, la concurrence sur le segment des loisirs nous oblige à évoluer. Nous transformons l’activité pour qu’elle soit davantage orientée vers les clients et pour faire glisser les courses vers l’univers du sportainement.

"La concurrence sur le segment des loisirs nous oblige à évoluer"

Quels sont vos objectifs ?

Avec le président de France Galop, Guillaume de Saint-Seine, nous voulons attirer davantage de spectateurs dans les hippodromes et rajeunir le public. C’est un peu comme au foot, on n’imagine pas un stade vide. France Galop organise des événements autour des courses, comme des soirées, des garden-parties ou des animations en famille afin de faire vivre ces lieux de rassemblement. Les chevaux sont des animaux vecteurs de partage et qui suscitent de l’émotion. Quand on parie, même deux euros, sur un cheval lors d’une course, on a l’impression qu’il nous appartient un peu. France Galop est copropriétaire du PMU. Chaque année, 10 milliards d’euros sont misés lors des compétitions et cela est nécessaire à l’équilibre de la filière.

France Galop a également lancé un plan stratégique pour attirer de nouveaux propriétaires. En quoi consiste-t-il ?

La typologie de propriétaires évolue. Avant, il y avait des familles qui se transmettaient cette passion de génération en génération. Le nombre de propriétaires possédant plus de 20 chevaux a été divisé par deux en dix ans. Dans le même temps, le nombre de propriétaires a été multiplié puisqu‘ils sont nombreux à acheter
des chevaux à plusieurs. Désormais, on trouve des sportifs ou des chefs d’entreprise, comme Gérard Mestrallet (ex-Suez) ou David Layani (Onepoint) qui ont une vraie passion pour les courses. Nous espérons augmenter de 1000 personnes la communauté des propriétaires. Cela permettra de disposer d’un vivier de 10 000 chevaux. Pour susciter des vocations, nous créons un guichet unique qui les accompagnera dans leurs démarches. France Galop souhaite également renforcer le sentiment d’appartenance à un club, disposant de services exclusifs (accueil premium, visites exclusives à l’entraînement et dans les haras, voyages lors de grands prix…). On se propose de leur montrer toute la chaîne pour qu’ils puissent faire un choix éclairé. On ne présente pas l’investissement dans un cheval comme une activité lucrative mais comme une vraie expérience, un loisir, une passion qui procure beaucoup d’émotion et qui fédère l’ensemble des classes sociales autour du cheval.

Propos recueillis par Olivia Vignaud

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