Alain et Gérard Wertheimer ont hérité de la maison Chanel mais aussi de la passion de leur aieul pour les chevaux de course. Aussi discrets lors des défilés de mode que sur les hippodromes, leurs réussites n’en sont pas moins brillantes.
Les Wertheimer, le pur-sang dans les veines
Avec une fortune estimée pour chacun par Forbes à 31,6 milliards de dollars, Alain et Gérard Wertheimer sont la quatrième fortune française, derrière Bernard Arnault, Françoise Bettencourt et François-Henri Pinault. Des familles qui se sont enrichies grâce au luxe et à la beauté et dont on suit régulièrement l’actualité dans les médias. Concernant les Wertheimer la tâche n’est pas si aisée. Les propriétaires de Chanel sont parvenus "à se rendre parfaitement invisibles", remarquait Didier Grumbach, ex-président de la Fédération française de la couture, dans les colonnes de Challenges.
S’ils sont présents à des défilés ? Rarement. Et lorsque c’est le cas, ils occupent les troisième ou quatrième rangs. Les inaugurations de magasins ? Très peu pour eux. Ils leur rendront visite incognito une autre fois. Pour avoir une chance de croiser les petits-fils de Pierre Wertheimer, il faut aller fouler les champs de course où ces passionnés de chevaux, qui se retrouvent régulièrement dans leur Haras de Saint-Léonard, ont leurs habitudes.
Un élevage de champions
Situé à douze kilomètres de Deauville, le domaine a été la propriété du prince égyptien Saïd Toussoun et des Roualle avant que les Wertheimer ne décident d’en faire leur fief en 1992. La famille, déjà présente dans l’univers des courses, acquiert également les fermes voisines pour étendre son petit coin de paradis. Celui-ci accueille des poulinières, leurs petits mais aussi les manoirs de Gérard et Alain qui vivent respectivement à Genève et New York. La maison peut s’appuyer sur des entraîneurs et des jockeys de renom qui montent régulièrement sur les podiums les plus prestigieux : prix de l’Arc de Triomphe, prix de Diane, prix du Jockey Club…
Succès sur tous les plans
En 2014, Challenges révélait que les frères dépensaient environ 10 millions d’euros par an pour l’élevage d’une centaine de chevaux en France, les autres équidés foulant d’autres pâturages notamment dans le Kentucky. En 2013, les prix décernés à leurs champions auraient permis aux Wertheimer de récupérer une demi-douzaine de millions d’euros de gains. Pas de quoi faire fortune. Mais la passion des chevaux n’est pas connue pour être la plus rentable.
Ce qui n’empêche pas le patrimoine des Wertheimer de fructifier grâce aux dividendes perçus via Chanel dont ils sont propriétaires à 100 %. Alain et Gérard s’avèrent néanmoins loin d’être des héritiers oisifs. Surtout Alain. "C’est lui qui tient, plus que son frère encore, les rênes de la maison, expliquait à Challenges un très proche collaborateur. Il en détiendrait 51 % et son frère Gérard, 49 %."
À 26 ans, Alain a pris la suite de son défunt père, Jacques, à la tête du groupe. À l’époque, Chanel n’est pas en grande forme. L’une de ses plus belles réussites : avoir embauché Karl Lagerfeld, à qui il a laissé carte blanche et dont on connaît le succès. Une autonomie accordée à la majorité des cadres de Chanel mais aussi aux professionnels des courses et qui est l’une des marques de fabrique des frères Wertheimer.
Olivia Vignaud