Acteur historique du conseil en affaires publiques, Boury Tallon & Associés réunit une quarantaine de consultants et d’experts qui interviennent dans les différents domaines du lobbying et des affaires publiques. Le cabinet a développé un savoir-faire en conseil pour les fonds d’investissement. Benjamin Faure, directeur associé, revient sur cette activité ainsi que sur les ambitions de la structure.

DÉCIDEURS. Comment avez-vous dé­veloppé votre accompagnement inédit pour les fonds d’investissement ?

Benjamin Faure. Notre coeur de mé­tier est d’accompagner nos clients – des grandes entreprises internationales aux start-up, en passant par des ETI, les PME de province, des associations, des fédé­rations ou des syndicats professionnels mais aussi des ONG et des fondations – dans leurs relations avec les pouvoirs pu­blics, et plus largement avec les leaders d’opinion. Aussi, face à une demande qui progresse, nous intervenons de plus en plus pour les fonds d’investissement sur tout type d’opération : LBO, capi­tal-développement ou capital-risque. Depuis trois ans, les fonds français et internationaux font appel à nos services notamment dans le cadre de la prépa­ration d’acquisitions. Nous participons ainsi à la réalisation de due diligences, en particulier sur la dimension politique ou réglementaire inhérente à certains secteurs ou activités.

Sur quels types de due diligences êtes-vous le plus souvent sollicités ?

Les due diligences sur la partie régle­mentaire ou législative dans le secteur de la santé sont très demandées. C’est un domaine où il peut y avoir aussi bien des opportunités que des freins réglemen­taires. Ainsi, lorsqu’un fonds s’intéresse par exemple à une biotech, il n’est pas rare qu’il fasse appel à nous pour com­prendre l’environnement politique et ré­glementaire lié à cette activité. Nous sou­haitons développer cette pratique avec les fonds d’investissement car dès lors que l’opération pour laquelle ils nous ont fait confiance aboutit, ils peuvent être amenés à nous solliciter de nouveau pour éventuellement intervenir sur la partie réglementaire de la participation qu’ils viennent d’acquérir. Cet aspect est intéressant pour nous, car il ne s’agit pas d’une mission ponctuelle mais bien d’un accompagnement dans le temps du client. C’est très stimulant.

Sur quels types de réglementations êtes-vous le plus souvent sollicités ?

Le secteur de la santé est toujours un de nos secteurs d’action privilégiés. Nous sommes aussi de plus en plus contac­tés par des acteurs du secteur financier comme les fonds, les banques ou les as­surances qui vont prochainement être en partie concernées par le volet « finance­ment » du nouveau projet de loi portant sur l’industrie verte directement piloté par Bruno Le Maire et Bercy.

Quels sont les éléments de différencia­tion de Boury Tallon & Associés sur votre marché ?

Nous sommes le premier cabinet en pure player sur la place de Paris avec 40 colla­borateurs pour qui les affaires publiques sont le coeur de métier. Nous cherchons à comprendre l’état d’esprit du législateur. Nous avons beaucoup de points d’entrée dans le secteur pour bien travailler. Nous bénéficions ainsi d’un réseau d’experts qui nous permet d’intervenir avec pertinence sur des sujets variés et complexes. Au fil du temps, nous avons appris à maîtriser le fonctionnement théorique mais surtout pratique du système institutionnel fran­çais, ce qui est un atout majeur dans le conseil que nous donnons à nos clients.

L’année 2022 a été difficile pour cer­tains fonds. Elle s’est caractérisée par une baisse des opérations, notamment de large cap et dans une moindre me­sure en small to mid. Cette situation vous a-t-elle affectés ?

Notre activité n’a pas particulièrement été concernée par ces conjonctures qui ont surtout caractérisé le domaine de la tech. Dans les secteurs de l’industrie ou de l’infrastructure, les dynamiques restent solides et le marché porteur. Boury Tallon & Associés a donc pu continuer son développement dans cette activité à une cadence soutenue.

Quelles sont vos ambitions pour 2023 ?

Tout d’abord, depuis la pandémie de Covid-19, le marché des affaires pu­bliques a poursuivi sa mutation. Avec cette crise, certains acteurs privés ont pris conscience de l’influence que peuvent avoir les choix politiques sur leur activité. Nombre d’entre eux ont vécu cette période, suspendus aux lèvres du directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, et du ministre de la Santé de l’époque, Olivier Véran. Cette époque charnière a replacé les politiques pu­bliques et le rôle des décideurs poli­tiques au centre de l’échiquier de la prise de décision professionnelle. Le recours à un conseil en affaires publiques est deve­nu indispensable pour certains.

En outre, la situation parlementaire est aussi différente. Pour la première fois depuis l’introduction du quinquennat en lieu et place du septennat, le parti au pouvoir n’a pas remporté de majo­rité absolue aux élections législatives. Les députés sont donc beaucoup plus sollicités sur chaque projet de loi et les négociations avec le Gouvernement sont intenses. Chaque voix compte désormais. C’est ce que l’on a pu obser­ver lors de la réforme des retraites avec le groupe parlementaire Liot qui malgré sa petite taille a joué un rôle très impor­tant. Nos services sont donc de plus en plus utiles et, par corrélation, sollicités plus que jamais. Nous devons faire preuve d’imagination sur le fond et sur la forme.

Dans un marché devenu de plus en plus concurrentiel, notre ambition est de conserver notre capacité à proposer tou­jours plus d’idées nouvelles pour nos clients dans leurs relations avec les pou­voirs publics : nouvelles approches, nou­veaux formats, nouveaux interlocuteurs. L’innovation est aussi pour notre secteur, une clé indispensable.

Propos recueillis par Tom Laufenburger

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