L’Autorité de la concurrence et l’Arcom ont autorisé l’opération de rachat du média Altice par CMA CGM. Le transporteur maritime dirigé par Rodolphe Saadé s’est engagé à préserver la concurrence des médias du sud de la France.
CMA-CGM rachète Altice Média (BFM, RMC…) : une étape importante franchie
Les gendarmes français de la concurrence et de l’audiovisuel annoncent avoir donné leur feu vert à la cession de la branche média d’Altice à l’armateur CMA CGM, déjà propriétaire des titres La Provence, Corse Matin, La Tribune et La Tribune du Dimanche.
Altice, propriété de Patrick Drahi, cède sa filiale Altice Media qui édite diverses chaînes de télévision payantes (BFM Business TV) ou gratuites (BFM TV, RMC Découverte et RMC Story) et dix chaînes locales. Elle compte aussi quelques stations de radio nationales : RMC, BFM Business et BFM Radio. Seules les chaînes payantes RMC Sport 1 et 2 n’étaient pas incluses dans le contrat de vente.
L’Arcom valide la fusion des médias, considérant qu’elle ne devrait pas trop modifier le paysage audiovisuel. Et parce que CMA CGM s’est engagé dans un courrier datant de la fin juin à respecter une foule d’obligations déontologiques (liées au pluralisme, à l’honnêteté et à l’indépendance de l’information, des programmes, et des rédactions).
Crainte pour la concurrence des médias dans le Sud
L’Autorité avait mis le doigt sur un risque d’éviction des concurrents de La Provence. Une telle opération de rachat impliquait notamment une concentration avec les chaînes locales BFM Marseille, BFM DICI, BFM Nice ou encore BFM Toulon (les chaînes “BFM PACA”) dont la zone de diffusion recoupe celle du journal La Provence. Après le rachat, le groupe aurait pu pratiquer des ventes couplées – la vente d’un produit est subordonnée à l’achat d’un autre produit, les deux faisant partie d’un lot, et amener, ou "contraindre", les annonceurs à choisir ses offres en espaces publicitaires plutôt que celles des journaux concurrents. Des journaux qui auraient du mal à survivre à cette perte de revenus. Prenant note "des positions de marché parfois quasi monopolistiques de La Provence et de l’existence d’une base d’annonceurs communs significative entre La Provence et BFM PACA", l’autorité craignait "une atteinte à la structure concurrentielle locale" par la concentration. Avec pour conséquence la diminution de l’offre en journaux de presse quotidienne régionale.
CMA CGM s’est finalement engagé à ne pas pratiquer de telles ventes et à maintenir une séparation des régies publicitaires respectives de La Provence et des chaînes BFM PACA. CMA CGM. L’an dernier, un tiers des effectifs de la rédaction de La Provence (62 journalistes) avaient fait valoir leur clause de cession pour quitter le journal racheté par le groupe de Rodolphe Saadé. La cession avait été annoncée en mars dernier par CMA CGM. Le montant de 1,55 milliard d'euros avait été évoqué.