L’entreprise spécialisée dans la construction, la promotion immobilière et l’énergie est présidée par Vincent Legendre depuis 2016. Depuis sa nomination, le représentant de la troisième génération a fait passer le chiffre d’affaires du groupe de 460 millions à 900 millions d’euros.
Groupe Legendre, une dynastie en construction
L’histoire du Groupe Legendre démarre il y a un peu plus de 75 ans. Après la Seconde Guerre mondiale, Jean-Baptiste Legendre crée une entreprise de maçonnerie à Amanlis, en Bretagne. Cet amoureux du travail manuel et de la transmission s’entoure en continu d’un apprenti, à qui il apprend les rudiments du métier, en l’occurrence la réhabilitation et l’agrandissement de fermes en Ille-et-Vilaine. En 1968, son fils Jean-Paul le rejoint pour y faire son apprentissage avant de devenir le premier salarié de l’entreprise. Entrepreneur dans l’âme, le représentant de la deuxième génération souhaite développer l’entreprise. Père et fils échangent leurs rôles : le premier devient salarié, le second dirigeant. La société passe de l’agrandissement de maisons à la construction de maisons neuves et de lotissements.
De crise en crise
En 1981, la crise de confiance, qui met à mal l’investissement dans l’immobilier, oblige le patron à changer son fusil d’épaule. Il déplace l’entreprise en Normandie. À l’époque, les chantiers de Flamanville et de La Hague aspirent toutes les capacités des sociétés de construction et multiplient les besoins en logements. Jean-Paul Legendre saisit le créneau et s'installe à Évreux. Viennent ensuite Tours et l'Île-de-France dont il ne partira jamais. En 1991, alors que Legendre prospère dans le domaine des bureaux et compte 60 salariés, une nouvelle crise éclate à cause de la guerre du Golfe. "Notre groupe doit son salut à ses banquiers qui lui ont fait confiance et à mon père qui a eu l’idée de se lancer dans la promotion immobilière, raconte Vincent Legendre, fils de Jean-Paul et actuel président du directoire. Il achetait les terrains, concevait les programmes et vendait les logements le week-end."
Une transmission rondement menée
Désormais, Legendre marche sur deux jambes : la construction et la promotion immobilière. Une troisième "poussera" en 2015 : l’énergie grâce à l'intégration d'une entreprise dont Jean-Paul Legendre était associé. L’actuel patron, Vincent, rejoint l’entreprise à la suite de ses études en 2003. Il y apprend le métier avant que son père n’annonce la couleur en 2011 : il prendra sa retraite dans cinq ans. Bien souvent, ces paroles ne sont pas suivies d'effets et la transmission ne va pas de soi. Mais chez les Legendre, une promesse est faite pour être tenue : "Mon père a fait ce qu’il avait dit. Il a vidé son bureau et est vraiment parti. Il a conservé un rôle de président du conseil de surveillance. Un rôle de sage pour écouter nos projets, donner son avis sur les décisions que l’on propose mais c’est avant tout le premier supporter de notre travail."
Durant la période de transition, père et fils cogèrent le groupe. Quand Vincent Legendre reprend les rênes, il choisit de passer d’une cogérance à une entreprise chapeautée par un directoire et un conseil d’administration. "J’avais pris goût au fait de prendre des décisions collectives. C’est pourquoi j’ai nommé quatre directeurs généraux."
"La notion de long terme est ancrée dans l'ADN d'une entreprise familiale"
Cap à l’étranger
En 2016, le président lance également l’entreprise, à l’étranger, en commençant par l’Angleterre, avant de s’implanter à Jersey, au Portugal puis en Suisse. "L’international n’est pas une lubie. Il fallait faire en sorte que le groupe soit moins dépendant de la conjoncture nationale, estime Vincent Legendre. Quand on atteint une certaine taille, il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier."
Vincent Legendre s’attend-il à de nouveaux soubresauts dans l’immobilier ? "La prochaine crise, c’est demain. Nous évoluons dans un monde de crises permanentes." Mais le groupe est solide (900 millions d’euros de chiffre d’affaires, contre 460 millions en 2015), bien capitalisé et peut compter sur ses "compagnons". Aujourd’hui, 2 300 personnes travaillent pour Legendre. L’un des atouts de la société ? "Notre actionnariat majoritairement familial, selon Vincent Legendre. Celui-ci est rassurant pour les collaborateurs car les actionnaires sont forcément très partie prenante du projet de l’entreprise". Et d’ajouter : "Cela se ressent aussi dans notre ambition. La notion de long terme est profondément ancrée dans l’ADN des entreprises familiales". Et pour demain ? Si Vincent Legendre a trois enfants et cinq neveux et nièces, il ne poussera jamais personne à reprendre le flambeau. En revanche, si l’un d’entre eux se montre intéressé, il se fera une joie de l’écouter.
Olivia Vignaud