En cette journée de la femme rappelons une vérité qui fâche : malgré les paroles et les politiques publiques, la parité est encore un horizon lointain dans les directions générales des grandes entreprises françaises. Même si les choses changent peu à peu.
Parité : les directions générales encore loin du compte
C'est un chiffre qui dérange : 37 sociétés du Cac 40 sont dirigées par des hommes. Où sont les exceptions ? Catherine MacGregor chez Engie, Christel Heydemann, chez Orange, et Estelle Brachlianoff, chez Veolia. Mentionnons également Angeles Garcia Poveda, présidente du conseil d’administration de Legrand et Barbara Dalibard, présidente du conseil de surveillance de Michelin. Du côté du SBF 120, la situation n'est guère plus reluisante avec treize femmes DG et douze présidentes de conseil.
L'Europe, compte seize présidentes de conseil dans le FTSE 100, et huit directrices générales. Les candidates potentielles à ces postes à haute responsabilités ne se bousculent pas, ce qui réduit d’autant leurs chances d’arriver en tête. En cause ? Certaines femmes décident de sacrifier une partie de leur carrière professionnelle pour leur vie de famille, entre les naissances, l’éducation des enfants, et les tâches ménagères. D’autres se sous-estiment, évitant tout poste à forte responsabilité.
La France "bonne élève" malgré tout
Autant de motifs qui expliquent pourquoi les comités exécutifs du SBF 120 ne comptent que 26,4 % de femmes, selon le baromètre 2023 d'Ethics & Boards, spécialiste des solutions d'évaluation de la gouvernance, et de l'IFA (Institut français des administrateurs). Si la parité est loin d'être atteinte, la France est pourtant une "bonne élève" des pays occidentaux. L'Hexagone est à quasi-égalité avec les Etats-Unis, où la proportion de féminisation des comités de direction atteint 26,6 %, devançant l'Allemagne, l'Espagne ou encore l'Italie. Les pays nordiques, en particulier la Norvège, suivies de la Suède et la Finlande, demeurent en tête du classement avec un taux de mixité des comex dépassant 30 %. Pourtant, les mentalités changent : en 2022, 24,2 % de femmes faisaient parties des comités de direction contre seulement 16,5 % en 2017. Une accession rendue possible car ces femmes ont prouvé de quoi elles étaient capables : qualifiées, expérimentées, professionnelles, leur niveau de compétences a encouragé les entreprises à donner une chance aux femmes.
Dans le SBF 120, 26,4 % de femmes siègent dans les comités exécutifs contre 16,5 % en 2017
De nouvelles obligations en faveur de la mixité
La loi Copé-Zimmermann (2011) a sans doute contribué à faire évoluer en profondeur la composition des conseils d’administration et de surveillance. Ceux-ci ont opéré une mutation importante pour faire de la France, au fil des ans, un pays acceptant de plus en plus la mixité. La France souhaite "évangéliser" les autre pays de l'UE er a ainsi souhaité porter fièrement cette ambition en matière de mixité des conseils à la réflexion des instances européennes dans le cadre de sa présidence au Conseil de l’Union européenne (PFUE). À l’échelle nationale, la loi Rixain, votée en décembre 2021 et visant à accélérer l’égalité économique et professionnelle, inscrit ce même objectif de mixité à l’agenda des comités exécutifs à atteindre dès 2027. L’objectif est d’atteindre 30 % de femmes parmi les cadres dirigeants et les instances dirigeantes en 2027 et 40 % en 2030. Selon Ethics & Boards, il faudra nommer encore 56 femmes au sein des entreprises du CAC 40 et 133 femmes dans le SBF 120 pour parvenir au premier seuil de ce texte. Aujourd'hui, toujours selon Ethics & Boards, 37,5 % des comités exécutifs du CAC 40 ont, à ce jour, atteint ou dépassé le premier seuil de cette loi.
Laura Guetta