L’entreprise s’est donné pour mission de lutter contre la malnutrition. Ses aliments thérapeutiques consommés et produits partout dans le monde ont bénéficié l’an dernier à dix millions de personnes. Objectif pour 2023 : atteindre 18 millions d’enfants, femmes enceintes et personnes âgées.

Pour son mémoire de fin d’études, Michel Lescanne choisit comme sujet la malnutrition en Amérique du Sud. Puis, l’ingénieur agronome commence sa carrière chez Mamie Nova. C’est à la suite d’un voyage au Sénégal qu’il décide de lancer sa propre entreprise en 1986. Son but ? Ne plus avoir à convaincre les décideurs de l’intérêt d’un modèle économique qui serve les besoins humanitaires. "Il a choisi l’entreprise privée car c’est ce qui lui paraissait le plus efficace pour mener à bien sa mission. Notre mandat ? Lutter contre la malnutrition", explique sa fille Adeline Lescanne-Gautier, directrice générale du groupe.

Un produit phare

Dix ans après le lancement de Nutriset, Michel Lescanne met au point avec l’Institut de recherche pour le développement son produit devenu phare, Plumpy’Nut, un sachet renfermant une pâte énergétique à base d’arachide, enrichie de minéraux et vitamines, qui peut être consommée sans eau, ni cuisson. Depuis, la gamme s’est étendue pour prévenir et réduire les différents types de malnutrition de l’enfant, de la femme enceinte, des personnes agées et désormais des malades atteints de la malaria, de la tuberculose ou du sida. "On est toujours sur le même principe. Nous ne cherchons pas à remplacer une alimentation diversifiée mais nous accompagnons les vulnérabilités grâce à des produits qui apportent les calories, protéines, minéraux et vitamines", poursuit Adeline Lescanne-Gautier. L’entreprise propose même des emballages carton qui se transforment en jouets, sans surcoût, de manière à participer au développement cognitif des enfants.

Les principaux clients du groupe sont des ONG

Des productions locales

Les principaux clients de Nutriset sont des ONG, avec en tête de proue les Nations unies et l’Unicef, les gouvernements et, plus récemment, les Ehpad. En 2022, 10 millions de personnes ont consommé des produits du groupe. Objectif pour 2023 : atteindre 18 millions de bénéficiaires.

Pour ce faire, Nutriset accélère la cadence. Le groupe installé à Malaunay en Seine-Maritime a créé en 2005 un réseau de franchises industrielles qui s’accompagne d’un transfert de technologies. "Le développement économique fait partie des solutions face à la malnutrition, expose la DG. On trouvait plus efficace et plus logique en termes environnemental et d’impact de développer des productions au plus près des besoins." Ce qui a permis de mettre en place des unités de production au Nigeria, en Inde, en Éthiopie, à Madagascar ou encore aux États-Unis, le pays souhaitant fournir de l’aide alimentaire prête à l’usage. "Notre activité se situe entre l’agroalimentaire et la pharma. Même dans des endroits compliqués il y a des compétences et des usines qui respectent les mêmes processus qu’en France, souligne Adeline Lescanne-Gautier. Nous revendiquons un modèle plurinational."

Celui-ci fonctionne puisqu’en 2022 Nutriset réalisait un chiffre d’affaires de 160 millions d’euros (203 millions pour le Groupe Nutriset, qui prend en compte les chiffres du réseau) contre 124 millions en 2020 dont la quasi-totalité à l’international, avec 205 salariés (400 au niveau du groupe). Nutriset, qui n’entend pas dégager des profits indécents, estime avoir trouvé la bonne recette pour rester pérenne tout en finançant la recherche et les investissements nécessaires pour mener à bien sa mission qu’elle a, dès 2015, inscrite dans ses statuts en devenant la première entreprise en France à adopter un objet social étendu, ancêtre de l’entreprise à mission. Le bon dosage entre affaires et humanitaire fait recette. Inspirant.

Olivia Vignaud

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