Si vous êtes déjà allé vous faire soigner chez le dentiste, alors vous avez probablement bénéficié des produits Septodont, leader mondial du contrôle de la douleur dentaire. Bien que l’entreprise se soit fait une place de choix à l’international notamment en Amérique du Nord, elle revendique son impact sur l’économie française.
Septodont : croissance sans douleur
L'histoire de Septodont commence en 1932. Nestor Schiller, docteur en chimie travaillant dans l’industrie pharmaceutique, dresse un constat : le secteur dans lequel il opère ne propose pas de produits prêts à l’emploi aux dentistes. Avec sa femme Annie, ils décident de louer un appartement rue des Petites Écuries à Paris et de monter une société en vue de mettre sur pied des traitements anti-infectieux et contre les caries.
À l’époque, l’entreprise développe une gamme assez complète de produits pour le marché français. Au décès de Nestor Schiller, son fils prend la relève au côté de sa mère. Deux axes de développement s’offrent à eux : se concentrer sur des solutions uniquement destinées aux dentistes et se lancer à l’international ou se diriger vers des produits grand public, tels que le dentifrice, mais demeurer sur son territoire. C’est finalement la première option qui sera retenue. Septodont s’attaque d’abord à des pays limitrophes de l’Hexagone avant de s’éloigner pour atteindre l’Amérique, l’Afrique et les pays de l’Est.
D’une crise à une opportunité
En 1995, Olivier Schiller – petit-fils de Nestor – rejoint l’entreprise en qualité de directeur financier. Ingénieur de formation et titulaire d’un MBA, il s’intéresse aussi à l’accélération internationale de l’entreprise. À la fin des années 1990, Septodont fait face à une crise en Amérique du Nord. La société détient 50 % d’une entreprise canadienne, où chaque associé compte sur l’autre pour chapeauter l’affaire, et qui exporte des produits aux USA. Des problèmes de stérilité sont pointés du doigt par le gendarme américain et les produits rappelés. Une véritable tempête dans ce marché très régulé déjà difficile à l’entrée. "Nous avons fait de cet échec une opportunité, rapporte Olivier Schiller. Nous sommes tombés d’accord avec notre partenaire américain pour lui racheter 100 % de la société en le payant avec 10 % de produits gratuits pendant vingt ans."
"Il n’y a pas d’antinomie entre investir en France et à l’étranger"
Depuis, le succès ne se dément pas. L’entreprise qui réalisait 197 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2013 et 278 millions en 2018 atteint les 365 millions en 2022. Une grosse moitié concerne la maîtrise de la douleur dentaire avec deux millions de cartouches d’anesthésie produites par jour. Afin de réduire sa dépendance au marché nord-américain qui représentait 50 % de son chiffre d’affaires, Septodont rachète en 2021 les activités dentaires de Sanofi. Désormais, le CA est réparti entre l’Amérique du Nord et l’Europe à 40 % respectivement.
Deux axes de développement
Si la France ne pèse que 7 % du chiffre d’affaires, l’Hexagone regroupe 40 % des actifs industriels et des collaborateurs du groupe. "Cela montre bien qu’il n’y a pas d’antinomie entre investir en France et à l’étranger", précise Olivier Schiller. D’ailleurs Septodont, qui se montre très présent sur les sujets environnementaux et sociaux, a créé une fondation de manière à soutenir des programmes philanthropiques, tels que l’École sociale du numérique avec Simplon à Saint-Maur-des-Fossés.
Pour les années qui viennent, l’entreprise mise sur deux axes de développement, à commencer par la diversification de ses produits. Si Septodont s’avère leader mondial sur le contrôle de la douleur dentaire, ce marché ne représente que 5 % des dépenses des dentistes. D’où l’intérêt de profiter de sa connaissance du secteur, de sa capacité d’innovation et de son maillage international pour être davantage présent sur des sujets tels que le soin des caries ou la désinfection. Septodont entend également structurer son activité de sous-traitance, notamment au Canada. De quoi lui assurer un bel avenir.
Olivia Vignaud