Le groupe familial coté porté par les Hériard-Dubreuil affichait en 2021-2022 un chiffre d’affaires de 326 millions d’euros, en hausse de 22 % sur trois ans. Spécialiste de l’élevage et du bouchage de vins, il a fait de l’innovation un levier de croissance puissant.
Oeneo, le charentais pousse le bouchon très loin
2003, Diam Bouchage, spécialiste du bouchage, investit dans un procédé révolutionnaire. Une technologie qui purifie le liège en extrayant près de 150 molécules afin d’éliminer tout risque de goût de bouchon dans le vin. Développée en partenariat avec le CEA, cette innovation qui permet de préserver les qualités aromatiques du précieux breuvage, n’a pas manqué de rencontrer son public. La société – qui fait partie du groupe Oeneo – vend chaque année dans le monde 2,7 milliards de bouchons. Si la performance technique est entrée dans les mœurs, l’entreprise continue d’innover. "Aujourd’hui, la proposition de valeur de Diam n’est pas limitée à la résolution d’un problème (le goût de bouchon). La valeur ajoutée est bien plus grande, explique Nicolas Hériard-Dubreuil, président d’Oeneo. Nous apportons une solution œnologique au vigneron notamment grâce à la maîtrise de la perméabilité à l’oxygène du bouchon."
Positionnement premium
Ces technologies brevetées contribuent au succès du groupe, qui enregistrait en 2021-2022 un chiffre d’affaires de 326 millions d’euros, contre 268,2 millions en 2018-2019. Oeneo s’appuie sur deux grandes jambes, l’activité de bouchage et celle d’élevage. À travers ses sociétés, le groupe accompagne des œnologues dans leur compréhension des éléments qui influencent le vin, tels que la qualification du potentiel de la vigne sur chaque parcelle, la définition de la date de vendange ou l’analyse aromatique des bois de barriques en fonction du profil de vin recherché. "Nous n’essayons pas de nous substituer à l’œnologue mais nous lui offrons les outils nécessaires à la création d’un excellent vin, précise Nicolas Hériard-Dubreuil. Nous nous positionnons toujours sur les produits à forte valeur ajoutée – pour lesquels nous avons des équipes talentueuses – et qui nécessitent un investissement de la part du client."
Oeneo réalise 70 % de son chiffre d’affaires à l’export et œuvre dans près de 75 pays
Cette volonté de travailler sur les produits premium s’avère un bon pari pour la crois-sance à venir. "Le monde du vin continue de monter en gamme. En vingt ans, la consom-mation mondiale est restée à peu près la même mais celle des vins premium a augmenté de 80 %", souligne le président. D’où l’importance de constamment innover afin de rester compétitif dans cet univers qui depuis plusieurs dizaines d’années s’appuie sur des explications scientifiques pour maîtriser davantage ses procédés de fabrication.
Un marché international fragmenté
Oeneo réalise 70 % de son chiffre d’affaires à l’export, œuvre dans près de 75 pays et compte plus de vingt implantations sur la planète. "Le monde du vin est par nature international. Quand vous travaillez en tant que fournisseur pour ce secteur, exporter se révèle être un prérequis." Très bien implanté en Europe, aux États-Unis – où il s’est installé à Napa en Californie dès 1994 – et en Chine, il sait qu’il peut encore pousser davantage les feux en Australie et en Afrique du Sud.
Le groupe accompagne un marché fragmenté, ce qui explique qu’il soit aussi bien aux côtés de grandes maisons que de sociétés indépendantes familiales. Oeneo travaille notamment avec Rémy Martin – groupe dont il est certes indépendant mais avec qui il partage un actionnaire commun, la holding familiale des Hériard-Dubreuil, Andromède.
Si l’arrière-grand-père et le grand-père de Nicolas Hériard-Dubreuil ont créé Oeneo, notamment à partir de rachats (comme ceux des tonnelleries Seguin et Moreau), le descendant mise avant tout sur la croissance organique, la culture d’entreprise et l’innovation pour aller chercher du chiffre d’affaires. Il ne ferme toutefois pas les portes à des acquisitions sur les métiers où Oeneo n’est pas encore présent ou pour améliorer son ancrage dans certains pays. Là réside tout l’intérêt d’évoluer dans une entre-prise familiale : privilégier le long terme tout en conservant un esprit très entrepreneurial.
Olivia Vignaud