L’équipe corporate du bureau parisien de Herbert Smith Freehills s’illustre sur des dossiers M&A d’envergure auprès de grands groupes à dimension internationale. Hubert Segain, responsable de la pratique en France, revient sur les moments marquants de l’année et la stratégie du cabinet.

Décideurs. Comment le marché du M&A a-t-il évolué en cette année 2020 si particulière ?

Hubert Segain. La crise sanitaire liée à la Covid-19 s’est transformée en crise économique, avec des répercussions notables sur le marché français des fusions-acquisitions. Néanmoins, tous les secteurs n’ont pas été affectés de la même façon. Ainsi, sans surprise, ceux des transports, des loisirs et de l’immobilier ont particulièrement pâti des effets de la crise, avec, sur les trois premiers trimestres 2020, une baisse spectaculaire, en termes de valeur, de respectivement 97,1 %, 96,9 % et 91,3 % par rapport à la même période en 2019*. En revanche, la construction, les secteurs pharmaceutique, médical et des biotechnologies, ainsi que les télécommunications tirent leur épingle du jeu, puisqu’ils ont connu pour la même période une très nette hausse de respectivement 228,7 %, 213,9 % et 117,6 %*. Par ailleurs, si, à notre échelle, nous avons constaté un ralentissement des activités lors du premier confinement, cette tendance ne s’est, depuis, pas poursuivie. J’ajouterais que nous avons aujourd’hui retrouvé un rythme similaire à celui qui était le nôtre avant l’éclatement de la crise, et ce, malgré l’incertitude dans laquelle nous nous trouvons encore.

"Nous avons aujourd’hui retrouvé un rythme similaire à celui qui était le nôtre avant l’éclatement de la crise"

Après avoir renforcé votre équipe ces dernières années, vous souhaitiez développer vos activités en marchés de capitaux et en private equity. Où en est votre offre sur ces sujets ?

Notre équipe corporate n’a cessé de se développer au fil des ans. Elle compte désormais une vingtaine d’avocats, dont quatre associés avec Frédéric Bouvet, Edouard Thomas, Christopher Theris et moi-même, auxquels s’ajoutent trois of-counsels avec Cyril Boulignat, Laurence Vincent et Sophie de Labrouhe, promue en mai dernier. En sus de cette équipe corporate générale, notre cabinet parisien compte en son sein une équipe spécialisée en fusions-acquisitions dans le domaine des énergies. La solidité de notre pratique corporate nous a permis de travailler sur des dossiers d’envergure, domestiques comme transfrontaliers, notamment en matière de fusions-acquisitions aussi bien de sociétés non cotées que de sociétés cotées. Pour ce qui est des marchés de capitaux et du private equity, nous regardons bien évidemment ce qui se passe sur le marché. Nous procéderons à des recrutements le moment voulu, pour présenter une offre qui s’inscrive pleinement parmi celles que nous proposons déjà, afin de faire face à un marché de plus en plus compétitif.

En quoi votre pratique d’aide à la gouvernance constitue-t-elle un atout pour le M&A ?

La gouvernance fait partie intégrante de la vie des entreprises. Notre offre en la matière constitue, à nos yeux, l’un de nos atouts sur le marché français. Par ailleurs, conseiller nos clients sur des problématiques liées à la gouvernance d’entreprise nous permet non seulement d’être régulièrement en contact avec eux – et donc, de les fidéliser –, mais aussi d’avoir une vue d’ensemble de leurs activités, ce qui nous aide à rester au fait des problématiques auxquelles ils font face. La crise actuelle a également mis en avant les problématiques de gouvernance, ainsi que de réorganisation. Un front sur lequel nous avons été assez sollicités au cours des derniers mois. En plus de la préparation des assemblées générales, nous avons, entre autres, accompagné des émetteurs sur leur changement de dirigeant, la mise en place de leur plan de rémunération ou des crises de gouvernance, notamment dans le cadre d’un changement de direction ou d’une prise de contrôle rampante.

"Nous envisageons l’avenir en toute sérénité"

Quels secteurs clés votre pratique a-telle conseillés cette année ?

Nous continuons à conseiller un vaste éventail de clients sur des problématiques diverses et variées. Toutefois, si nous devions choisir des secteurs clés pour notre pratique, il s’agirait sans aucun doute des secteurs de l’énergie, notamment récemment Engie, Amarenco, AXPO et Green Investment Group, celui des infrastructures, avec des clients tels que la Société d’Infrastructures Gazières, Spie Batignolles, Infravia, Swissgrid, ou encore de l’ingénierie, des télécommunications et des nouvelles technologies, avec les dossiers gérés pour Altran Technologies, Cellnex Telecom et Bharti, et enfin le secteur bancaire avec la Société Générale, BNP Paribas, Bpifrance Investissement, HSBC et UBS. Les dossiers que nous avons récemment rentrés nous semblent extrêmement stimulants et prometteurs, ce qui nous permet d’être tout à fait confiants quant à l’année qui s’annonce. Nous envisageons ainsi l’avenir en toute sérénité.

"L’un des derniers dossiers phares a été la cession d’Altran Technologies à Capgemini"

Quels dossiers ont marqué la vie du cabinet ?

Nous sommes intervenus sur un certain nombre de dossiers d’envergure. L’un des derniers dossiers phares a été la cession, sous forme d’offre publique amicale, d’Altran Technologies à Capgemini, pour un montant de 4,8 milliards d’euros. Cette opération a été particulièrement intéressante et pleine de rebondissements, liés notamment à l’intervention du fonds activiste américain Elliott Advisors. Nous conseillons par ailleurs régulièrement Cellnex Telecom sur des problématiques en lien avec des opérations de fusions-acquisitions, comme cela a notamment été le cas récemment dans le cadre de la négociation d’une série d’accords de coopération stratégiques avec Iliad et Salt, pour un montant total de quelque 4 milliards d’euros, ainsi que de la conclusion d’un partenariat stratégique avec Bouygues Telecom d’un montant d’un milliard d’euros. Nous avons enfin accompagné Engie dans le cadre de plusieurs opérations, dont la création avec EDPR d’Ocean Winds, une joint-venture spécialisée dans le secteur de l’énergie éolienne offshore, qui ambitionne de devenir l’un des cinq plus grands opérateurs de parcs éoliens en mer dans le monde. Ces dossiers nous ont donné une belle visibilité et nous ont permis de nous positionner véritablement au cœur du marché français des fusions-acquisitions.

Vous avez vu votre clientèle évoluer. À quoi attribuez-vous cette évolution ?

Notre clientèle n’a cessé de se diversifier au fil des ans. En plus des clients historiques que nous accompagnons depuis des années, de nouveaux clients nous ont rejoints récemment. Nous conseillons en outre un nombre croissant de sociétés cotées du CAC 40 et du SBF120. Finalement, ce qui nous intéresse en premier lieu, c’est moins de multiplier le nombre de dossiers traités que de créer une véritable relation de confiance, pérenne, avec nos clients, afin de les aider au mieux au quotidien. Cette approche humaine fait notre force. Elle nous permet non seulement de garder nos clients historiques, mais aussi d’en acquérir de nouveaux. Notre visibilité accrue a sans conteste contribué à la diversification de notre clientèle. Cela nous a permis d’être impliqués dans des dossiers que nous n’aurions pas pu traiter il y a quelques années.

" Ce qui nous intéresse, c’est moins de multiplier le nombre de dossiers traités que de créer une véritable relation de confiance, pérenne, avec nos clients"

Comment vos activités s’organisent-elles à l’international ?

Le réseau dont nous faisons partie nous permet de nous mobiliser, au besoin, de façon à la fois rapide et efficace. Cependant, bien que nous échangions régulièrement avec les autres bureaux du réseau, nous sommes très autonomes en termes de rétention et de développement de clientèle, cela nous permet, en plus de cette solide base, d’être même exportateurs nets de nos clients à l’étranger.

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