Deux ans après le recrutement d’une équipe à Lyon, Edmond de Rothschild Corporate Finance continue à renforcer ses équipes. Les associés reviennent sur cette intégration et la poursuite de leur stratégie, toujours autour des secteurs de la santé, de l’immobilier, de l’éducation, et de la tech/digital ainsi que sur leurs dynamiques en private equity et sur le marché small/mid-cap.

Décideurs. Quel bilan tirez-vous de cette année 2020 si particulière ?

Arnaud Petit. Après un début d’année calme à cause de la pandémie et du confinement dur de mars 2020, l’activité a fortement repris dès l’été. Plus de 25 transactions se sont bouclées entre début septembre et mi-janvier. Le secteur de la santé a été particulièrement dynamique en 2020 avec un grand nombre de transactions réalisées par l’équipe comme FH Orthopedics, Systam, Les Matines, ou encore Biomega. Nous avons également annoncé des opérations de taille significative comme Innovie, Akka ou encore Serb qui se réaliseront en début d’année 2021. Ce secteur a été très fortement revalorisé après le premier confinement.

Le secteur de l’immobilier a-t-il été touché ?

Julien Béraud. Sur ce secteur, nous avons notamment conclu une très belle opération qui consiste en l’ouverture du capital de REI Habitat, promoteur résidentiel bas carbone avec l’entrée d’un investisseur institutionnel. Axa IM apportera sa puissance financière pour participer au financement de la transition énergétique en soutenant la construction en bois issue de la filière française. L’enjeu est de faire de REI Habitat un leader de la promotion résidentielle bas carbone en bois. Le dossier a démarré pendant le premier confinement avant d’être rapidement préempté par Axa IM et clôturé au cours du deuxième semestre. Sur les beaux sujets iconiques et socialement engagés, les investisseurs se montrent très motivés. Le secteur de l’asset management immobilier s’est également montré très résilient. Lors des deux transactions emblématiques que nous avons conseillées, nous avons pu constater que de nouveaux acteurs cherchaient à se positionner. C’est notamment le cas des fonds de private equity, des réseaux de CGP et des grands institutionnels qui ont pour ambition de créer des plateformes multiclasse d’actifs.

"Nous tenons à conserver notre capacité à travailler sur des tailles de transactions très élargies, c’est dans l’ADN de l’équipe"

Jonathan Jacquin. En ce qui concerne le secteur de l’hôtellerie, contre toute attente, les hôtels de destination estivale et l’hôtellerie de plein air ont plutôt mieux résisté que le reste du secteur. Les investisseurs long terme ou familiaux se montrent actifs et confiants sur ces modèles. Nous avons réalisé trois opérations, une à Saint-Tropez, en Bourgogne et en Provence.

Vous positionnez-vous sur les opérations de retrait de cote ?

A. P . Les valorisations boursières n’ont pas tant chuté et sont remontées dès le mois de juillet. Il y a tellement à faire dans le non-coté que les fonds évitent la complexité du public-to-private. L’ADN de l’équipe n’est pas de travailler sur des opérations cotées, néanmoins, dans le cas d’un noyau actionnarial composé de personnes physiques, nous serons légitimes pour y aller comme nous l’avons fait pour Akka. 

Comment votre offre small-cap se structure-t-elle aujourd’hui ?

A. P. Nous continuons à travailler avec Sébastien Auger, qui a pris son indépendance. Il faut être présent sur le segment du small-cap, mais nous réfléchissons encore à la question de monter une équipe dédiée ou de traiter les dossiers nousmêmes. C’est d’ailleurs un atout de notre équipe, dont tous les associés savent gérer une opération avec une entreprise familiale comme traiter un deal supérieur au milliard d’euros. L’écart est grand entre les dossiers comme Inovie ou Serb et les transactions à 20 millions d’euros que nous menons, mais nous tenons à conserver cet ADN et notre capacité à s’adapter à la taille des transactions et aux interlocuteurs.

L’équipe s’est encore agrandie en 2020. Qu’attendez-vous de cette nouvelle composition ?

Nicolas Durieux. L’esprit d’équipe constitue véritablement la force d’Edmond de Rothschild. Le recrutement d’un managing director, Thomas Hamelin, en plein confinement envoie un signal fort. Nous avons également recruté deux associates et trois analystes. Et le groupe continue à investir plus que jamais sur l’équipe comme sur le métier. Depuis septembre 2018, nous sommes ainsi passés de 22 à 38 banquiers. Chacun dispose d’expertises particulières sur ses marchés, mais la volonté commune est de rester généralistes. L’arrivée de Thomas Hamelin s’inscrit dans la stratégie d’intégration de verticales, notamment dans l’éducation et la beauté ; le tout dans la collégialité.

Thomas Hamelin. J’ai assisté à la montée en puissance d’Edmond de Rothschild Corporate Finance et j’avais la conviction, avec une telle ambition collective, que l’équipe allait s’installer durablement parmi les leaders du M&A small/mid cap. Pour ces raisons, la volonté de m’inscrire dans cette dynamique a tout de suite été une évidence. Mon arrivée contribuera à renforcer l’activité en private equity que j’ai beaucoup pratiqué et qui constitue un axe clé dans notre stratégie. Parmi les secteurs qui ont le mieux résisté à la crise, et qui donc animent le marché, figurent la santé et la tech où l’équipe est déjà bien installée. En revanche, il fallait être présents dans les secteurs de l’éducation et la formation qui tirent également leur épingle du jeu. Développer cette practice que je connais très bien est une autre de nos nombreuses ambitions pour l’équipe. 

Quelles sont vos ambitions pour 2021 ?

Philippe Flament. L’objectif reste le même, à savoir consolider nos secteurs. Notamment le private equity qui occupait auparavant une faible place dans notre activité. L’immobilier a vocation à être renforcé du fait du marché. Nous nous posons également la question d’investir dans tout ce qui touche au commerce de détail, car le secteur fait des aller-retours entre le M&A et le restructuring. Pour le moment, il y a encore peu d’opérations, il s’agit plutôt de restructuring.

Comment se porte l’activité de conseil en financement ?

Grégory Fradelizi. L’année a été très active avec une accélération très forte sur le deuxième semestre. Nous avons notamment closé une belle opération avec Montefiore, avec l’acquisition de Sade Telecom, et finalisons des opérations avec Five Arrows et Metric Capital. Nous comptons une dizaine de mandats de financement pur auprès de fonds comme Chequers, Sagard, MBO & Co, Abenex ou Raise. Au contraire des années post Lehman, le volume de deals in bonis est très soutenu. C’est pourquoi nous avons une approche opportuniste sur le restructuring. Nous conseillons nos clients pour réadapter des financements au contexte Covid. Mais la grande vague du restructuring n’est pas encore là, les aides de l’État, dont le PGE, ayant permis à la majorité des emprunteurs de passer l’année 2020. Mais 2021 risque d’être plus compliquée sur les secteurs d’activité les plus touchés…

"Il y a tant à faire dans le non-coté que les fonds évitent la complexité du public-to-private"

Qu’en est-il des levées de fonds ?

A. P. Il s’agit clairement d’un axe stratégique. Notre capacité à s’appuyer sur le réseau de la banque privée constitue par ailleurs un véritable facteur différenciant. Le modèle fonctionne bien et un certain nombre d’investisseurs privés a pris part à des opérations comme CST ou Livy. Le régime d’apport-cession contraint à réinvestir une part significative du cash récupéré de la vente dans les deux années pour ne pas perdre l’avantage fiscal. Pour ce faire, Edmond de Rothschild propose un accompagnement complet d’ingénierie financière et de banque privée et nous enregistrons de plus en plus de levées de fonds significatives depuis que Raphaël Compagnion, directeur exécutif en charge de la tech et du digital, a lancé cette activité. Nous avons accompagné en 2020 la levée de fonds de 100 millions d’euros pour Kineis.

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