Le groupe français Alstom, leader national du secteur ferroviaire, a finalisé vendredi l’acquisition de son concurrent canadien Bombardier pour 5,3 milliards d’euros. Cette fusion, marque l’avènement d’un nouveau numéro deux mondial.

Après trois années tumultueuses, et une année 2020 marquée par la crise sanitaire, Alstom aura finalement trouvé chaussure à son pied et officialise son mariage avec Bombardier. Une union qui, il y a encore peu de temps, n’était pourtant pas envisagée. 

D’abord promis au groupe allemand Siemens, le français aura vu ses plans compromis par la Commission européenne s’opposant au projet “d’union entre égaux". L’interdiction mettait en lumière le quasi-monopole des deux géants sur les lignes à grande vitesse de leur pays respectif. Le rapprochement aurait permis d’en faire un leader européen susceptible de concurrencer le numéro un mondial du secteur ferroviaire, le géant chinois CRRC. L’État français, qui soutenait, avec son ministre de l’Économie Bruno Le Maire, que l’union entre Siemens et Alstom serait la seule option, se voyait ainsi opposer une fin de non-recevoir.

Un mariage sous le signe de la complémentarité 

L’obstacle concurrentiel n’aura, cette fois-ci, pas été un problème majeur dans la réalisation de ces noces. Alstom a ainsi choisi un partenaire aux forces différentes des siennes, notamment sur le plan des implantations géographiques. La première alliance, franco-allemande, qui consistait à résister au leadership mondial du groupe CRRC, ne convenait pas aux instances européennes du fait de la mise en place d’un monopole européen contrevenant aux règles de concurrence. 

Le groupe français et le québécois mobilisent ainsi leurs complémentarités. Henri Poupart-Lafarge, PDG d’Alstom précise d’ailleurs qu’ils n’avaient "pas eu de problème avec les autorités de la concurrence parce que précisément, marché par marché, nos points forts sont leurs points faibles et réciproquement". Pour autant, la Commission aura eu à cœur de limiter, dans certains pays, le potentiel monopole de ce nouveau géant européen. Elle soumet donc la fusion à la promesse de la vente par le français de ses usines de Reichshoffen (Bas-Rhin) et de Hennigsdorf (proche de Berlin) ainsi que la cession partielle de ses participations dans les trains à grande vitesse de l’italien Zefiro 3000. Les premières devraient être cédées au groupe tchèque Skoda Transportation quand l’activité ferroviaire italienne reviendrait, à hauteur de 50 %, au japonais Hitachi. 

Dans cette nouvelle opération, Siemens conserve son positionnement européen face au nouveau rang d’Alstom, désormais numéro deux mondial du secteur ferroviaire avec un chiffre d’affaires combiné des deux entités de 15,7 milliards d’euros en 2019 et plus de 75 000 salariés, devant l’allemand (9 milliards d’euros de CA) mais toujours loin derrière CRRC (29 milliards d’euros de CA). 

Une fusion avantageuse dans un contexte de crise

Les négociations, entamées début 2020, peu avant la crise sanitaire, annonçaient un prix compris entre 5,8 et 6,2 milliards d’euros pour le rachat à 100 % de Bombardier. Si les effets de la crise n’ont pas eu raison de cette union, elles permettent au français d’obtenir une révision de la transaction fin septembre pour un montant estimé entre 5,5 et 5,9 milliards d’euros. Alstom l’emporte finalement sur son concurrent au prix minimum de la fourchette et paiera 4,4 milliards d’euros pour la reprise des activités ferroviaires avant d’ajouter 1,1 milliard destiné à combler la trésorerie négative ainsi que "d’autres ajustements contractuels". 

Alstom poursuit, avec cette opération, son développement et marque de son empreinte l’activité M&A de ce début d’année. 

David Glaser

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