Les chiffres de Refinitiv, relayés par les Échos, mettent en avant l’évolution des valorisations moyenne des entreprises dans le monde en fonction de leur secteur d’activité. Une manière objective de distinguer les gagnants et les perdants de la crise économique actuelle.

Partout dans le monde les valorisations s’effondrent, mais logiquement, les entreprises des pays développés, plus touchés par la crise du Covid-19, connaissent les plus fortes baisses de valorisation. Les multiples médians d’Ebitda, à partir desquels les entreprises américaines sont évaluées, sont descendus à 10,5, soit en dessous des 10,7 au niveau mondial. Pire encore, ceux des sociétés européennes sont tombés à 8,8. La part de rachats d’entreprises valorisées à plus de 15 fois l’Ebitda est, elle, retombée à seulement 12 % des opérations ces trois derniers mois. Des chiffres qui confirment les craintes des gouvernements du Vieux Continent de voir les moteurs de leur croissance rachetés, à prix cassés, par des acteurs étrangers. 

Santé, high-tech et plateformes B2C, socle de la résilience 

L’étude de Refinitiv détaille également ces multiples en fonction des secteurs d’activité, distinguant ainsi les gagnants et les perdants de la crise. En Europe, sans surprise, les entreprises des domaines de la santé, de la haute technologie et des biens de consommations sont désormais valorisées à plus de 18 fois leur Ebitda. A contrario, les sociétés des secteurs des matériaux et de la finance sont valorisées à des multiples inférieurs à 7, et les commerces demeurent les plus impactés par la crise avec un coefficient de seulement 1,7. Facteur d’explication directe : le confinement, prolongé à plusieurs reprises dans la plupart des pays européens, a bien sûr gelé les nombreux métiers reposant sur l’exercice d’une activité physique, “en dur” (construire des immeubles, opérer un point de vente physique, etc.). 

Les entreprises en danger face à leur rachat

Les opportunités de rachats risquent de s’accumuler. L’objectif pour nos dirigeants est donc de préserver les écosystèmes qui ne seraient affectés que de manière passagère. Pour les entreprises qui n’auraient pas d’autre choix que de céder leurs actifs à des prix dérisoires, de nouvelles clauses devraient faire leur apparition. « Si ce recul des prix se confirme, il est possible que de nouvelles clauses de partage de valeur entre acheteurs et vendeurs resurgissent afin de parvenir à trouver un terrain d'entente », explique Céline Méchain, managing director chez Goldman Sachs. Par exemple, le fonds américain Aurora a concédé une baisse de prix de l'ordre de 15 % sur sa cession d’International Cookware Group, distributeur de la marque française Pyrex, à la société d'investissement européenne Kartesia. Cette dernière reversera la différence si ICG retrouve un certain niveau de résultat. Les clauses d’earn-out devraient ainsi jalonner moult contrats de cessions post-covid-19.

Baptiste Delcambre

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