Renault étudie actuellement l’offre de fusion à 50/50 soumise par Fiat Chrysler Automobiles (FCA). Le mariage potentiel entre ces deux constructeurs historiques soulève de nombreuses questions.

Depuis la mort de son président emblématique, Sergio Marchionne, Fiat Chrysler cherchait le partenaire idéal. Le 27 mai 2019, le choix de FCA s’est porté officiellement sur Renault en soumettant à son conseil d’administration une proposition de fusion. Comme la capitalisation boursière est plus élevée chez FCA que chez Renault, soit 20 milliards d’euros contre 17 milliards, le groupe italo-américain propose de reverser un dividende exceptionnel de 2,5 milliards d’euros auprès de ses actionnaires. Si elle aboutit, cette demande en mariage donnerait naissance au leader mondial de l’automobile (en volume). Cette fusion à 50-50 en ferait un géant de l’automobile avec 8,7 millions de voitures vendues par an. En prenant en compte l’alliance Renault Nissan Mitsubishi, ce chiffre s’élèverait à 15 millions d’automobiles vendues par le groupe. Rappelons que dans le cadre de l’alliance, Renault détient 43% du Japonais et à l’inverse les parts de Nissan chez le Français s’élèvent à 15 %. Ainsi, dans le cadre du « mariage » entre égaux proposé par FCA, la nouvelle entité garderait les parts détenues par Renault alors que le constructeur nippon ne possèderait plus que 7,5 % du futur champion européen. Cette dilution de 50 % concernerait l’ensemble des actionnaires des deux entités, y compris l’État Français, qui détient 15 % du capital de Renault. La famille Agnelli, principal actionnaire de FCP avec 29 % des parts par l’intermédiaire de leur holding familiale, Exor, deviendrait ainsi le premier actionnaire du groupe consolidé. John Elkann, héritier de la famille Agnelli, prendrait alors la présidence de la future entité. De son côté, Jean-Dominique Sénard, président de la marque au losange, serait à la direction générale.

Pour le meilleur et pour le pire ?

La complémentarité du futur couple a été l’un des éléments les plus mis en avant par les acteurs qui voient ce mariage d’un bon œil. L’ensemble profiterait en effet des zones géographique où chacune des entités possède un fort positionnement. Ainsi, se compléteraient la forte présence de Renault en Afrique et en Russie et la prédominance de Fiat Chrysler en Amérique Latine, et dans une moindre mesure en Amérique du Nord où le groupe italo-américain est le quatrième constructeur. Côté SUV, l’entité pourrait profiter des performances de Jeep, véritable tête de proue de FCA. L’offre de véhicule utilitaire du Français constituerait un autre atout majeur de la fusion. Celle-ci permettrait d’établir des synergies annuelles qui s’élèveraient à cinq milliards d’euros selon FCA qui ajoute : « Ces synergies résulteraient principalement de la convergence des plates-formes, de la mise en commun des investissements en matière de motorisation et d'électrification ainsi que des économies d'échelle. Nous estimons, sur la base de notre expérience, qu'environ 90 % des synergies proviendraient des économies en matière d'achats (environ 40 %), d'optimisations de la R&D (environ 30 %) et de la production et des équipements (environ 20 %). » Il faut néanmoins rappeler que ces chiffres prévalent uniquement si le mariage entre les deux constructeurs fonctionne. Or, l’histoire parle plutôt en leur défaveur. En effet, peu de fusions à parts égales réussissent. Preuve en est du mariage entre Essilor et Luxottica. Celui-ci, qui plus est franco-italien, a montré les guerres de chefs que pouvaient entraîner les opération de M&A. Autre exemple, bien qu’il ne s’agisse pas d’un mariage à proprement parler mais d’une alliance, celui de Renault et Nissan. Avec l’affaire Carlos Ghosn en point d’orgue, les tensions entre les dirigeants français et japonais se sont révélées. Ainsi, certains observateurs font le lien entre la rigidité nippone quant à une fusion complète avec le français et le rapprochement entre Renault et FCA. La marque au losange a quant à elle déclaré étudier la proposition de Fiat Chrysler. En attendant un accord qui serait historique pour l’industrie automobile, la Bourse a chaleureusement accueilli cette annonce et les titres de Renault et de FCA ont respectivement augmenté de 13 % et 15 %.

Sandy Andrianabiby

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