Lourdement endetté, le groupe de prêt-à-porter premium a dû restructurer son capital pour régler sa situation financière. Les créanciers ont accepté de convertir pour 202 millions de dette. Quant aux investisseurs historiques – LBO France, Roger Zannier et The Silverfern Group –, ils garderont l’espoir de pouvoir faire jouer leur earn out au moment de la sortie des nouveaux actionnaires.

Trois ans après son entrée dans IKKS à hauteur de 59 %, LBO France est contraint de sortir par la petite porte. Face à l’incapacité du groupe de prêt-à-porter premium à rembourser sa dette - alors même qu’il enregistre des résultats positifs (35,4 millions d’euros en 2018) -, les créanciers ont obtenu que, sur les 320 millions d’euros de dette, 202 millions soient convertis en capital.  Cet accord a été signé avec trois fonds américains - Avenue Capital Group, CarVal Investors et Marathon Asset Management –, et représentent 42 % des créances d’IKKS.

Excès de confiance

L’opération permet de réduire la dette obligataire à 140 millions d’euros. Le coupon reste, quant à lui, inchangé à 6,75 % avec une échéance de cinq ans. Pour financer son BFR et ses investissements, IKKS a souscrit une nouvelle ligne de dette senior d’un montant de 70 millions d’euros et d’une maturité de 4,5 ans. De quoi assurer l’avenir de la marque fondée en 1987 par Roger Zannier. En 2015, lors de l’arrivée de LBO France, tous les voyants étaient pourtant au vert puisque la marque de vêtement venait de réaliser un chiffre d’affaires de 310 millions d’euros pour un résultat net de 60 millions d’euros. En investissant 210 millions d’euros d’equity avec ses coactionnaires, le fonds avait valorisé l’entreprise à 530 millions d’euros.

Comment expliquer un tel retournement de situation ? IKKS a péché par excès de confiance privilégiant la croissance à ses performances financières. « En trois ans, les frais ont plus que doublé », indique une personne proche du dossier. Une escalade qui s’explique par l’ouverture de nouvelles boutiques qui s’avéreront non rentables, le coût plus élevé que prévu du nouveau siège social dans le Marais à Paris et les mauvais chiffres réalisés par les ventes en ligne. Résultat, l’Ebitda n’a pas cessé de chuter pour atteindre 35,4 millions d’euros en 2018.

43 boutiques supprimées

Malgré cet échec, Pierre-André Cauche, l’actuel P-DG, a été maintenu dans ses fonctions. Pour inverser la tendance, les nouveaux actionnaires prévoient la fermeture de 43 points de ventes en France et en Belgique sur les 892 boutiques que détient le groupe. Pour étendre l’activité, IKKS compte développer ses ventes en ligne en lançant un nouveau site internet en 2019. Objectif : atteindre 12 % des ventes d’ici à 2021, contre 8,7 % en 2018. Autre axe de croissance privilégié : la Chine. L’accord conclu en septembre dernier avec le partenaire local Fung Kids prévoit l’ouverture de 40 boutiques pour atteindre un chiffre d’affaires de 11 millions d’euros en 2021. Pour le moment, seulement quatre points de vente existent. Le plan stratégique ambitionne un chiffre d’affaires total de 394 millions d’euros pour un résultat net de 57,8 millions d’euros.

Les anciens actionnaires, le fonds LBO France, le fondateur Roger Zannier et l’investisseur américain The Silverfern Group, vont prier pour que ce scénario miracle se réalise. Ces derniers ont en effet réussi à obtenir une clause d’earn out qui se déclenchera à la sortie des créanciers, à condition que le prix de cession d’IKKS permette le remboursement de la dette senior et des obligations high yield.

Vincent Paes

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