Ils se sont dit oui. Depuis octobre, Essilor et Luxoticca font maison commune pour devenir leader mondial de l’optique. Au sein de la direction, la parité entre Français et Italiens est respectée.

16 janvier 2017. Hubert Sagnières, PDG d’Essilor et Leonardo Del Vecchio, son homologue de Luxoticca, font une annonce officielle : leurs groupes vont se marier. Un coup de tonnerre sur le marché de l’optique puisque la fusion, effective depuis octobre 2018, donne naissance au leader mondial de l’optique.

Conception, fabrication, distribution des verres et des montures : le groupe, désormais baptisé EssilorLuxottica, contrôle la totalité des étapes. Il détient également vingt marques sous licence ou en propriété totale. Parmi les plus connues : Prada, Armani, Versace, Dolce Gabbana, Ray-Ban ou Oakley.

Le groupe pèse 15% du marché mondial de l’optique et compte 150 000 salariés pour une capitalisation boursière de 50 milliards de dollars et un Ebitda de 3,5 milliards de dollars. Le chiffre d’affaires s’élève pour sa part à 16 milliards de dollars.

La direction de la nouvelle entité compte d’ailleurs l’augmenter à moyen terme, notamment grâce à des synergies. Elles devraient à elles seules rapporter entre 220 millions d’euros et 300 millions d’euros par an, notamment grâce à l’optimisation de la production, de la logistique ainsi que d’économie sur les frais généraux et les achats.

Pour en arriver à ce résultat, l’attelage franco-italien a été contraint de montrer patte blanche à une vingtaine d’autorités de régulation qui pouvaient légitimement craindre que le nouveau groupe soit si puissant qu’il porte atteinte à la concurrence et se trouve en situation de monopole. Le 1er mars 2018, la Commission européenne a donné son feu vert. Après avoir consulté 4 000 opticiens, Margrethe Vestager, commissaire européen à la Concurrence a conclu que le nouveau groupe « ne deviendra pas assez puissant pour porter préjudice à la concurrence. L’entité ne sera pas en mesure d’utiliser sa puissance sur le marché des lunettes de soleil pour évincer du marché les producteurs de verres concurrents. » Aux États-Unis, la Commission fédérale du commerce est parvenue à la même conclusion.

Réussir une fusion entre deux multinationales n’a rien de simple. Pour la mener à bien, Delfin, principal actionnaire de la firme italienne, a apporté la totalité de sa participation (62,42%) à Essilor en échange d’actions émises sur la base d’une parité d’échange de 0,461 action Essilor pour un titre Luxoticca.

Désormais, le capital d’EssilorLuxottica est composé de 358 840 853 actions. Ses principaux actionnaires sont Delfin (38,93 % du capital, avec des droits de vote plafonnés à 31 %) et les employés d`EssilorLuxottica (4,9 %). Le reste du capital social (56,8 %) est détenu par le public.Depuis le 2 octobre 2018, les actions EssilorLuxoticca sont cotées sur le marché Euronext Paris. Elles feront partie des indices CAC40 EuroStoxx 50.

Côté gouvernance, le siège social est basé à Charenton-le-Pont en banlieue parisienne. Son conseil d’administration composé de 16 membres respecte une parité entre Française et Italiens. Hubert Sagnières devient vice-président-directeur-général-délégué. Leonardo Del Vecchio prend le titre de P-DG. Un couronnement pour un homme qui est entré dans la vie professionnelle à 14 ans comme apprenti dans une usine de lunettes.

Lucas Jakubowicz

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