P. Harbula (Edenred) : « Les difficultés du Brésil ne devaient pas empêcher Edenred de continuer son développement »

Décideurs. Edenred a regroupé ses propres activités de gestion des frais professionnels au Brésil avec celles d’Embratec. Pourquoi avoir privilégié la création d’une coentreprise à une opération de croissance externe ou organique pour vous y développer?

Péter Harbula. Nous sommes présents depuis 40 ans au Brésil où nous avons notamment lancé la même activité qu’Embratec. La gestion des frais professionnels est l’un de nos principaux axes de développement stratégiques. Après une acquisition réalisée en 2013, nous étions restés attentifs au marché. Depuis trois ans, nous nous sommes attachés à nouer des relations privilégiées avec Embratec. Une fois que cette société s’est mise sur le marché, nous avons profité de ce relationnel pour conclure l’opération. Leurs dirigeants n’avaient cependant pas envie de céder la totalité de leurs sociétés car ils croyaient encore au potentiel de développement du marché. Nous leur avons donc proposé une mise en commun de nos actifs. Une stratégie nous permettant de continuer ensemble la conquête de ce marché. Dans le cadre de cet accord, Edenred a pris le contrôle de la société commune puisqu’elle détient 65 % des parts. Pour tirer la quintessence de ce partenariat, des séminaires entre les opérationnels de chacune de nos deux sociétés ont eu lieu très tôt afin d’échanger sur nos pratiques et définir le plus précisément possible notre stratégie de développement.

Décideurs. Les difficultés économiques du Brésil vous ont-elles fait douter de la pertinence de l’opération ?

P. H. La question que l’on s’est posé était davantage liée au timing. Cette opération a été concrétisée dans une vision à moyen et long terme. Nous sommes partis du postulat que les difficultés de l’économie brésilienne ne devaient pas empêcher Edenred de continuer son développement. Les actifs de cette qualité sont peu nombreux. Si nous n’avions pas conclu cette opération, elle aurait été probablement réalisée par l’un de nos concurrents. Par ailleurs, notre métier se trouve dans un marché de niche. En 2015, cette activité a réalisé plus 15 % de croissance, dans un contexte de déclin du PIB du Brésil. Nous pouvons donc être confiants sur la résilience de ce rapprochement. Dans ce contexte économique difficile, les entreprises sont amenées à contrôler leurs coûts : l’activité de gestion des frais professionnels trouve alors une résonance toute particulière pour elle.

Décideurs. En 2014, vous aviez réalisé plusieurs acquisitions à l’international comme Cardtrend en Malaisie, d’Union Tank Eckstein en Allemagne ou Daripodarki en Russie. Ces opérations ont-elles répondu à vos attentes ?

P. H. Cardtrend est une acquisition de long terme. Nous ne l’avons pas acheté pour ses résultats actuels mais pour son potentiel sur un marché encore naissant des cartes-essence en Asie. Cette opération nous permet, en effet, de commencer à discuter avec les entreprises présentes en Asie.

S’agissant de notre acquisition en Russie, le contexte est quelque peu différent. En nous rapprochant de Daripodarki, nous souhaitions étendre notre activité sur un plan géographique. Hélas, il était difficile de prévoir l’ampleur de la crise de 2015 en Russie. Cette acquisition demeure d’une taille modeste, ce qui nous permet de ne pas en subir trop les conséquences. Et sur le moyen terme, nous restons confiants. Enfin, nous avons réalisé l'acquisition de 34 % d'Union Tank Eckstein (UTA), un leader européen des cartes-essence. La société est en train de se muer en ETI d’envergure européenne. Nous avons mis en place des partenariats avec certaines filiales d’Edenred. Nous allons ainsi leur servir de relais dans les pays où Edenred est présent. Ce type d’opérations va nous permettre de démultiplier les efforts commerciaux.

Propos recueillis par Aurélien Florin (@FlorinAurelien)