L’économie circulaire est au cœur de l’activité d’Econocom, groupe spécialisé depuis 1973 dans les services liés à la transformation digitale. Son fondateur et président, Jean-Louis Bouchard, revient sur les moyens de réduire l’empreinte carbone numérique à la portée des entreprises.

Décideurs. Vous faites de l’économie circulaire dans le secteur du numérique depuis cinquante ans. Pouvez-vous revenir sur la genèse de cette démarche ?

Jean-Louis Bouchard. Pour exister, il fallait apporter une valeur ajoutée car nous sommes une société de services qui n’est ni fabricante ni éditrice. Nous avons toujours été dans l’économie circulaire en souhaitant faire durer le plus longtemps possible les équipements informatiques, en recyclant les ordinateurs d’occasion et en louant du matériel aux clients. Au cours de cette décennie, notre chiffre d’affaires a été multiplié par quatre et nous prévoyons un développement similaire pour les dix prochaines années. On me dit souvent que je me suis mis à la mode. Nous avons depuis toujours voulu rendre l’économie la plus sobre possible dans le digital.

Comment rendez-vous le digital plus sobre ?

Cela passe par trois étapes. Dans notre activité de distribution d’équipements neufs – qui pèse plus d’un milliard de chiffre d’affaires –, nous aidons nos clients à choisir ce qui est mieux d’un point de vue économique, sociétal et social. Au-delà de l’usage d’équipements IT, il y a un vrai choix RSE. Nous proposons également aux entreprises d’optimiser leur matériel, ce qui leur permet de lutter contre le gaspillage. Une politique de conseil que nous nous sommes appliquée à nous-mêmes et qui nous a permis de diminuer de moitié notre impact numérique en quatre ans. Enfin, rappelons que les ordinateurs et les téléphones ont une durée de vie assez longue aujourd’hui mais un usage assez court. C’est pourquoi nous recyclons 430 000 équipements par an en les récupérant, les nettoyant et les dépoussiérant. Une entreprise peut choisir de construire un bâtiment responsable ou irresponsable. C’est pareil pour le numérique.

Auriez-vous un exemple ?

Nous proposons une offre de mesure et de pilotage de l’empreinte carbone des systèmes d’information. Nous analysons leur impact, en particulier celui du hard ware. Nous accompagnons ensuite nos clients dans la durée pour réduire progressivement leur impact grâce à une série d’actions. Par exemple, un poste fixe consomme plus qu’un ordinateur portable, qu’il est donc préférable de choisir. On peut aussi allonger les durées d’usage et se doter de data centers davantage mutualisés.

"Les entreprises sont à la recherche d’offres qui leur permettent de décarboner leur propre IT"

Vous alliez les concepts d’entrepreneuriat et de RSE. En quoi votre raisonnement consiste-t-il ?

Autrefois, il y avait de grandes entreprises et des artisans mais beaucoup moins d’entrepreneurs. La contrepartie au fait d’entreprendre c’est d’intégrer les entreprises dans cette nécessité environnementale et sociétale. Agir sans prendre en compte les grandes tendances, c’est être mis à l’index. La RSE est devenue la partie obligatoire de la liberté d’entreprendre.

Les entreprises vous paraissent-elles plus engagées qu’auparavant ?

On ne change pas la nature des clients : certains sont sobres et économes, d’autres dispendieux. Par la nature de nos offres, nos premiers clients étaient déjà responsables. Aujourd’hui tous les appels d’offre publics vont devoir comprendre 20 % d’équipements de seconde main. Il est également vérifié que la façon dont ils sont recyclés est bien conforme. Les entreprises sont à la recherche d’offres qui leur permettent de décarboner leur propre IT. On constate une accélération de la demande autour du numérique responsable.  

Propos recueillis par Olivia Vignaud

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