Pour mettre fin à la fronde dont il fait l’objet, le PDG du groupe d’agroalimentaire a proposé le 1er mars de ne conserver que son poste de président. L’homme cède ainsi pour partie aux fonds activistes qui souhaitaient son départ pur et simple, mais pourra poursuivre son plan de réorganisation validé par le conseil d’administration.

Après plusieurs mois de contestation de sa gouvernance, Danone vient de trouver une porte de sortie. Tout du moins pour le moment. Remis en question par des actionnaires activistes, le patron du groupe d’agroalimentaire a proposé le 1er mars au conseil d’administration de dissocier les fonctions de président et de directeur général. Deux postes que celui qui avait été nommé DG en 2014 occupait depuis 2017. En faisant le choix d’une gouvernance dite à quatre yeux, le dirigeant et le conseil d’administration coupent la poire en deux. Emmanuel Faber restera président mais la direction exécutive sera confiée à une tierce personne. "Le processus de sélection d’un directeur général commence à partir de maintenant ; ça va prendre plusieurs mois", explique une source au Monde.

Gouvernance bicéphale

Ce mode de gouvernance bicéphale – très prisé chez les Anglo-Saxons – est de plus en plus courant au sein du CAC 40. Son intérêt : éviter une trop grande concentration des pouvoirs dans les mains d’un seul homme mais aussi permettre des transitions plus douces lorsqu’un emblématique patron commence à prendre du champ. C’est ainsi que des entreprises comme Saint-Gobain et L’Oréal verront dans les prochains moins leur PDG respectif, Pierre-André de Chalendar et Jean-Paul Agon, céder la direction générale de leur groupe à Benoît Bazin et Nicolas Hiéronimus.

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Toutes les sociétés n’optent cependant pas pour cette solution. Dans les entreprises emmenées par un PDG, le conseil se dote généralement d’un administrateur référent, une personne expérimentée, dont l’une des missions consiste à faire contre-poids lorsque cela lui semble nécessaire. Dans le cas de Danone, l’administrateur référent depuis 2018, Michel Landel, aurait dû être remplacé par Gilles Schnepp, ancien dirigeant de Legrand et adversaire de l’actuel patron du géant de l’agroalimentaire. Finalement, c’est à un proche d’Emmanuel Faber, Jean-Michel Severino, que la mission sera confiée, en a décidé lundi le board. La chèvre et le chou se trouvent ainsi ménagés : oui, le PDG de Danone cède la direction générale mais le mandat d’administrateur référent revient à l’un de ses alliés.

Maintien du plan de réorganisation

En attendant la désignation du nouveau DG, Emmanuel Faber conserve toutes ses fonctions. Puis, en tant que président, il sera toujours chargé des orientations stratégiques du groupe. "Je suis vraiment très heureux que nous ayons pris les dispositions de gouvernance permettant déjà d’anticiper la phase suivante du développement de cette entreprise unique qu’est Danone", déclare officiellement l’intéressé dans le communiqué. Si jusqu’ici celui-ci disait ne pas être dogmatique quant à la dissociation des fonctions, il était reproché au patron un exercice du pouvoir bien trop absolu et certains départs au sein de l’équipe de direction.

Les fonds activistes Artisan Partners et Bluebell Capital Partners réclamaient le départ pur et simple du PDG ainsi que l’abandon de Local First, le plan de réorganisation mondiale du groupe, qui prévoit jusqu’à 2 000 suppressions de postes parmi les managers. Le conseil d’administration réitère néanmoins le 1er mars son soutien au projet. Outre les actionnaires, l’ancien patron de Danone, président d’honneur du groupe et fils de son fondateur, Franck Riboud, s’inquiète du management d’Emmanuel Faber. Pourtant, c’est bien lui qui avait poussé la nomination de celui qui avait intégré le groupe en 1997. La décision de cette semaine permettra-t-elle de mettre fin aux tensions ? Réponse dans les prochains mois.

Olivia Vignaud

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