À la tête de la direction juridique de Lagardère Active depuis 2011, Garance Dupuis se saisit de la fonction dédiée à la compliance trois ans plus tard. Lauréate du Trophée d’or dans la catégorie Direction de la compliance lors des Trophées du droit édition entreprise 2018, elle nous présente la politique de conformité mise en place au sein du groupe.

Décideurs. Quel est l’enjeu principal de la conformité pour Lagardère Active ?

Garance Dupuis. Lagardère Active est la branche du groupe Lagardère réunissant les activités médias : magazines, télévision, radio, production audiovisuelle, régie publicitaire, pôle e-santé, licences du magazine Elle à l’international, etc. L’enjeu du déploiement de la conformité chez Lagardère Active était de développer des programmes compliance pouvant être adoptés par l’ensemble de ces activités très variées, tout en s’assurant de la prise en compte des spécificités propres à chaque métier.

Dans certaines entreprises, le directeur de la conformité et le directeur juridique ont deux statuts distincts. Au sein de Lagardère Active, vous avez les deux casquettes. Cette organisation sera-t-elle amenée à évoluer dans les années à venir avec l’apparition de nouvelles législations ?

L’organisation de la fonction compliance peut être très variable d’une entreprise à une autre, compte tenu de ses activités et de son histoire. Lorsqu’en 2014 le groupe Lagardère a décidé de se lancer dans la compliance, je me suis portée volontaire pour assurer cette fonction au sein de la branche Lagardère Active. Dans d’autres branches du groupe, la fonction a été pilotée par la direction financière ou la direction des ressources humaines. J’occupais déjà à l’époque le poste de directrice juridique avec une équipe de 45 collaborateurs. Il est vrai que piloter la conformité suppose l’appréhension de réglementations parfois complexes, ce qui est un exercice assez naturel pour la fonction juridique. Mais la conformité requiert aussi d’autres compétences et d’autres modes de fonctionnement que celles demandées pour administrer une direction juridique classique. Il est certain que la fonction compliance sera amenée à se développer dans les années à venir. L’enjeu me semble davantage être celui du positionnement et des ressources mises à disposition de cette fonction que de savoir quelle direction la porte dans l’entreprise. Cela dit, je recommande aux directeurs juridiques de s’emparer du sujet si la fonction n’existe pas encore au sein de leur entreprise, c’est une excellente opportunité pour élargir son champ de compétences, pour être confronté à d’autres enjeux et pour promouvoir en interne la direction juridique !

« La fonction compliance sera amenée à se développer dans les années à venir »

Quelles valeurs portez-vous au sein de votre programme compliance ?

La culture et les valeurs défendues par la direction compliance de Lagardère Active ont une même finalité : créer et maintenir une dynamique vertueuse afin que les comportements des collaborateurs et dirigeants soient en adéquation avec nos standards compliance notamment en matière de lutte contre la corruption, de respect de la réglementation en matière de protection des données personnelles comme en matière de sanctions économiques internationales. 

Nous avons choisi de faire vivre ces valeurs autour de plusieurs axes : tout d’abord « sensibiliser/informer/former » en communiquant régulièrement et en assurant des formations adaptées au public visé, puis « écouter/accompagner/évoluer et faire évoluer » en développant des outils avec les correspondants compliance et en les mettant à disposition des collaborateurs et dirigeants, et enfin « échanger/fédérer » en animant le réseau de correspondants compliance et en impliquant les dirigeants lors des événements importants.

Comment se structure votre réseau de correspondants compliance ?

Le réseau comporte une quinzaine de correspondants compliance choisis parmi les fonctions supports (finances, RH, DSI, juridique) pour leur connaissance des activités et leur proximité avec les opérationnels. Nous avons également un correspondant spécifique pour les opérations de M&A et un pour la fonction achats. Cette organisation permet de couvrir les activités de Lagardère Active en France et à l’international, étant précisé que le réseau compliance peut également s’appuyer sur des relais (collaborateurs identifiés) dans les filiales locales.

Quelles sont, selon vous, les trois principales compétences que doit posséder un bon directeur de la compliance ? 

La rigueur bien sûr mais aussi la pédagogie et le pragmatisme. J’ajouterai qu’il faut savoir communiquer et qu’une touche de sympathie est également utile pour véhiculer la conformité au sein du groupe, sujet qui peut paraître rébarbatif au premier abord mais qui s’avère en réalité passionnant !

Margaux Savarit-Cornali

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