Ambitieux, le plus jeune patron du CAC 40 compte faire du groupe familial fondé en 1975 le numéro un mondial des spiritueux. Pour y parvenir, il mise sur la diversification de sa gamme et sur l’innovation.

L’aventure Ricard commence en 1975. Jean Hémard et Paul Ricard donnent naissance à ­Pernod Ricard grâce au rapprochement de leurs deux sociétés, Pernod SA et Ricard SA, créées respectivement en 1805 et 1932. L’union de ces deux entreprises françaises, jusque-là concurrentes, consacre ce que l’on surnomme « l’empire du pastis ». Il est aujourd’hui numéro deux mondial des vins et spiritueux.

La conquête

A l’origine, le groupe Ricard possédait une gamme essentiellement composée d’apéritifs anisés. Dès 1976, le groupe se diversifie notamment par l’acquisition de la Compagnie Dubonnet-Cinzano (CDC) et du groupe Cusenier, qui comprend des marques comme Ambassadeur, Bartissol et Café de Paris.

Patrick Ricard prend les rênes du groupe en 1978, il a 33 ans. Le groupe est essentiellement concentré sur les spiritueux commercialisés dans l’Hexagone. L’objectif du deuxième fils de Paul Ricard est alors d’étoffer l’offre de l’entreprise, principalement avec des marques étrangères. En 1980, il acquiert le fabricant de bourbon Wild Turkey, puis rachète Jameson, célèbre producteur de whisky irlandais.

L’internationalisation de la marque bascule sur le terrain politique en 1993 à la suite de la signature d’un accord de distribution avec Fidel Castro. L’objet du deal ? La distribution du rhum Havana Club à l’échelle mondiale. à l’exception des États-Unis pour cause d’embargo depuis 1962.

Ces rachats ne comblent pas l’appétit de Patrick Ricard. Poursuivant sur sa lancée, il réalise les trois acquisitions les plus importantes de l’histoire de l’industrie des spiritueux. D’abord, Seagram – qui produit notamment le whisky Chivas Regal et le cognac Martell – en 2001. Puis, en 2005, Allied Domecq, qui permet à Ricard de faire main basse sur le whisky Ballantine’s, les champagnes Mumm et Perrier-Jouët entre autres. Cette politique de croissance externe ralentit après l’achat en 2008 du suédois Vin & Spirit. Derrière ce nom se cache notamment la vodka Absolut.

Place au jeune

Désormais, Alexandre Ricard, petit-fils de Paul, le fondateur du groupe, est à la tête d’un véritable empire de spiritueux. à 43 ans, il devient l’un des plus jeunes P-DG du CAC 40. Animé par une volonté de développer la société à l’échelle mondiale, le dirigeant s’appuie sur une organisation décentralisée qui se traduit par une prise de décision au plus près du consommateur.

Le groupe possède actuellement un portefeuille unique de trente-sept marques de dimension internationale. Le spécialiste des spiritueux prend le chemin de l’innovation, avec la création de verres et bouteilles connectées.

La rentrée 2018 débute sous d’excellents auspices pour le groupe, si l’on en croit l’annonce du 29 août dernier qui fait état d’accélération et de diversification de la croissance. L’entreprise reste dans la constance, confirmant des résultats positifs observés depuis plusieurs trimestres. Reste à savoir si cette belle cuvée 2017-2018 permettra à Pernod Ricard de rattraper Diageo, le numéro un mondial
des spiritueux.

Tiphanie Cliche

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