Fort de son expérience dans la fonction publique, Mathias Vicherat est directeur général-adjoint en charge du projet d’entreprise, de la communication et de l’image de la SNCF depuis janvier 2017. Il revient pour Décideurs sur les actions mises en place par le groupe dans le cadre de sa démarche éthique.

Décideurs. En tant qu'entreprise publique, considérez-vous la compliance comme l’une de vos vertus cardinales ?

Mathias Vicherat. Il est difficile d’imaginer qu’il puisse en être autrement ! Toute la culture managériale du groupe public ferroviaire repose sur trois piliers essentiels : la sécurité, la robustesse et l’information voyageur.

La sécurité, première de nos valeurs et première performance attendue de nos activités industrielles, est notre priorité absolue. L’objectif de la SNCF est de réduire de 10 % le taux de fréquence des accidents du travail, en agissant principalement sur les accidents, les manutentions, les déplacements et les risques liés à l’alcool en entreprise. Dans ce contexte, les priorités de l’entreprise demeurent la transformation managériale, avec la formation au « savoir voir et savoir dire », au travers d’échanges de bonnes pratiques, de la prévention des risques liés à la consommation des produits psychoactifs, avec notamment la mise en œuvre de dépistages aléatoires s’ajoutant aux visites médicales régulières.

La robustesse, quant à elle, est notre capacité à tenir la promesse que nous faisons à nos clients. Celle d’avoir un train, de partir et d’arriver à l’heure… Dans ce contexte, la SNCF a notamment lancé le programme Robustesse qui consiste à appliquer des standards opérationnels et de conception pour industrialiser le départ à l’heure avec plus de méthode, plus de rigueur et dans un principe d’amélioration continue.

Concernant l’information voyageur, enfin, la SNCF a mis en place le programme Information First. Ainsi, depuis le 18 septembre, tous les clients TGV dont la SNCF a les coordonnées sont systématiquement recontactés par SMS en cas de retard, de modification ou de suppression de train, et d’ici quelques mois, c’est la gestion des ruptures de correspondances qui sera digitalisée. D’ici la fin octobre, la nouvelle version de l’application SNCF, au design refondu et à la personnalisation améliorée, sera disponible, et tous les médias digitaux seront connectés aux mêmes bases de données afin de garantir à la source la cohérence de l’information.

Ces trois piliers sont rassemblés sous le chapeau d’un concept simple, leitmotiv de toutes les réunions au sein de l’entreprise : celui de l’excellence opérationnelle.

« La vocation première de SNCF au féminin est de renforcer le rôle des femmes dans le groupe »

L’entreprise a lancé en 2012 le réseau SNCF au féminin. Quelles sont ses missions ?

SNCF au féminin est notre réseau d’entreprise dédié aux femmes et ouvert aux hommes. Il concerne tous les métiers dans l’entreprise. Sa vocation première est de renforcer le rôle des femmes dans le groupe et de faire évoluer à la fois la culture managériale et les mentalités. Il s’agit d’un réseau en dehors de tout système d'organisation hiérarchique où chaque membre peut échanger sur son métier ainsi que sur son parcours et bénéficier d’une solidarité immédiate, de conseils et de formation. Avec près de 6 500 membres, femmes et hommes, il s’agit du plus grand réseau féminin d'entreprise en France. Vingt pour cent des salariés de la SNCF sont des femmes (19,7 % pour les chemins de fer européens) contre 10 % en 1980. Sur toutes ces questions, mais également sur celles relevant des grandes orientations stratégiques de l’entreprise, l’action et les résultats des travaux de SNCF au féminin jouent un rôle majeur, innovant, essentiel grâce notamment au talent de sa présidente Francesca Aceto.

Quelles autres initiatives avez-vous lancées pour encourager la diversité ?

La diversité fait partie de notre culture d’entreprise. Nous la considérons comme un facteur clé de notre réussite. Nous avons signé en 2015 un nouvel accord Égalité professionnelle & Mixité en faveur de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes et de la mixité (2015-2018) avec les quatre organisations syndicales représentatives. Ses objectifs sont clairs : accroître la féminisation de l’entreprise, garantir des règles équitables dans les parcours professionnels, lutter contre toutes les formes de sexisme et favoriser l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

Par ailleurs, nous agissons en faveur de la diversité sociale et culturelle grâce à des dispositifs d’embauche dans les quartiers prioritaires de la ville, en partenariat avec l’État. Un quart de nos embauches sont faites dans ces quartiers. Nous nous investissons aussi dans la professionnalisation des jeunes en accueillant chaque année près de 7 200 alternants. Nous avons signé avec les organisations syndicales des accords collectifs que nous renouvelons régulièrement pour mettre en œuvre des plans d’action concrets déclinés au plus près du terrain en vue d’accroître la mixité et l’égalité professionnelles ou encore de favoriser l’intégration et le maintien dans l’emploi des personnes en situation de handicap.

SNCF comptait dans ses effectifs 6 726 salariés en situation de handicap en 2016. Mais nous devons encore faire mieux ! Nous sommes également attentifs à l’employabilité des seniors et à la valorisation de leurs compétences. C’est la raison pour laquelle 5 562 salariés ont bénéficié du dispositif d’aménagement du temps de travail en fin de carrière depuis 2008.

« Nous acceuillons chaque année 7 200 alternants »

Quelles sont vos démarches et vos ambitions en matière de RSE ?

En 2018, nous avons encore renforcé notre positionnement sur les questions climatiques. Nous avons bien entendu participé activement aux Assises de la mobilité et avons effectué des avancées très significatives dans le chantier du « verdissement ferroviaire », notamment avec le projet de TER hybride mené avec Alstom et plusieurs régions. Nous suivons également de très près les travaux des constructeurs ferroviaires sur le TER Hydrogène. Alors que 20 % de nos circulations se font en mode « thermique », la « dé-dielisation » est l’un des chantiers de recherche majeurs pour l’entreprise, et ce, en accord avec la nouvelle « raison d’être » de l’entreprise : « Donner à chacun la liberté de se déplacer facilement en préservant la planète. » Par ailleurs, notre politique « achats » valorise le choix de fournisseurs engagés dans des démarches environnementales. Le label « Relations fournisseurs responsables » nous a d’ailleurs été attribué pour la deuxième fois l’an dernier. Pour ce qui concerne les achats solidaires, ceux réalisés par la SNCF auprès du secteur protégé et adapté ont doublé ces dix dernières années. Nous y sommes aidés par nos partenariats avec le réseau Gesat, Unea et Handeco Pas@pas notamment. Notre objectif en la matière est clair : réaliser 30 millions d’euros d’achats solidaires en 2020.

À l’international, sur le plan financier, trois « green bonds » ont été émis par SNCF Réseau auprès d’investisseurs du monde entier. Nous avons aussi mis en avant l’intérêt pour chaque grand projet de transport de disposer d’un véritable bilan carbone global intégrant tout à la fois la phase de construction et la période d’exploitation.

Notre ambition : anticiper les besoins et se positionner sur tous les segments de la chaîne de mobilité, en particulier sur les activités indispensables au bon fonctionnement de la chaîne dans son ensemble : réseau robuste, offre low-cost et logistique multimodale, nouvelles mobilités (véhicule autonome, covoiturage et toute nouvelle forme de mobilité partagée...), plateformes de distribution et d’info-médiation, nouvelles technologies), intermodalité avec les gares, complémentaires à l’offre ferroviaire historique permettant d’apporter une réponse globale et différenciée nos clients…

En matière de solidarité, la fondation SNCF mène un travail formidable avec un budget de 25 millions d’euros sur cinq ans qui aide 1 000 associations par an.

Margaux Savarit-Cornali

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