Amancio Ortega, le roi d'Espagne
À la tête d’une fortune de 62 milliards d’euros en 2018, Amancio Ortega incarne à merveille le self-made-man que rien ne prédestinait au succès. Né en 1936 dans le nord-ouest de l’Espagne d’un père cheminot, il grandit dans un milieu pauvre ou chaque peseta compte. Dès l’âge de 13 ans, il quitte l’école pour aider sa famille qui se voit refuser des crédits pour de simples courses alimentaires. Il travaille comme coursier puis comme vendeur dans un magasin de chemises. C’est de ce passé que naît son amour pour le textile et le leitmotiv qui le guide : pour réussir, il faut entreprendre.
Cap sur le textile
En 1963, alors qu’il n’a que 27 ans, il ouvre son premier magasin qui se spécialise dans les robes de chambre. C’est en 1975 qu’il implante, à Saint Jacques de Compostelle, le premier magasin Zara. Le succès est tel que cinq ans plus tard, cinq magasins sont ouverts dans le pays. Aujourd’hui, la marque est l’une des plus connues du monde, et compte 142 points de vente en France. Si Zara reste le vaisseau amiral, la maison mère, Inditex, compte également des enseignes telles que Massimo Dutti, Pull and Bear ou encore Bershka. Soit près de 180 000 collaborateurs dans le monde. Cotée à la Bourse de Madrid, Inditex peut se targuer d’une valorisation de près de 84 milliards d’euros. Si Ortega quitte ses fonctions opérationnelles en 2011, il reste l’actionnaire majoritaire du groupe dont il possède 59,3 % des parts.
Modestie
L’Espagnol est loin d’être flambeur. Il attend 2001 pour rendre publique la première photo de lui. Ce n’est donc pas grâce à sa présence médiatique ou à une quelconque posture de « gourou du business » qu’il doit son succès. Celui-ci est avant tout lié à son talent de négociateur et d’organisateur hors pair. Pour garantir des prix accessibles, il instaure plusieurs collections par saison (ce qui permet de négocier le textile à bon prix et de produire massivement). Un réseau de transport et d’entrepôts inonde la planète de marchandises. Avec une rapidité qui lui permet de coller au mieux aux désirs de ses clients tout en ne dépensant que très peu en marketing. La plus grande fierté d’Ortega est d’ailleurs d’avoir développé un groupe de taille mondiale sans réaliser aucun spot publicitaire.
Lucas Jakubowicz