Premier opérateur hôtelier international, AccorHotels est un acteur économique de référence en Afrique. Olivier Granet évoque l’ambition du groupe et les tendances dans le secteur hôtelier africain.

DÉCIDEURS. Quelles sont les ambitions du groupe AccorHotels sur le continent ?

Olivier Granet. Nos ambitions sont fortes. AccorHotels est présent depuis quarante ans sur le continent, avec un développement fort en Afrique du Nord et en Afrique francophone. Nous sommes le premier opérateur hôtelier du continent dans vingt et un pays et couvrons tous les segments du marché allant de l’économique au luxe. Notre souhait est de conserver et renforcer cet ancrage historique, comme en témoigne l’ouverture récente du site Novotel et Ibis à Sétif, mais surtout de développer nos activités en Afrique anglophone. Nous avons récemment ouvert un bureau de développement en Afrique du Sud et des projets sont prévus dans des pays à fort potentiel tels que l’Éthiopie et le Kenya. Avec 111 hôtels sur le continent, notre objectif est de doubler notre réseau d’ici 2020. D’après notre expérience, un développement réussi repose sur trois piliers fondamentaux : l’accès au terrain, l’accès au financement et la capacité des partenaires locaux sur des projets à moyen ou long terme. Les degrés de difficulté sont plus ou moins forts dans chaque pays mais nous sommes tout de même extrêmement confiants sur nos capacités à devenir leader en Afrique anglophone, un marché très concurrentiel certes plus difficile à intégrer pour des marques françaises.

Quelle est l’implication du groupe AccorHotels pour les populations locales et quels sont les enjeux de la formation dans l’hôtellerie ?

La formation est l’ADN du groupe AccorHotels. Nous misons fortement sur notre rôle d’ascenseur social. Nous offrons aux populations locales la possibilité d’avoir de véritables carrières au sein du groupe, de gravir les échelons. Dans certains pays, 90 % de nos general managers sont des natifs et 90 % de nos chefs de département sont issus de la promotion interne et constituent, de fait, notre vivier de general managers pour les cinq prochainesannées. C’est l’une des raisons pour lesquelles le groupe est très attractif sur le continent. La formation repose sur deux axes : d’une part, les expatriés du groupe accompagnent les talents locaux et transfèrent leurs connaissances ; d’autre part, le digital étant très développé en Afrique, nous diffusions des modules de formation à travers tout le continent grâce aux nouvelles technologies. Nous sommes très exigeants sur nos standards de qualité et à travers la formation, nous réussissons à servir les besoins d’une clientèle africaine comme internationale. Tous les programmes de formation conçus par le groupe et ses marques sont adaptés et déployés sur notre continent tenant compte des spécificités locales. Ils sont assurés par des ressources aussi bien externes qu’internes. Une certification des formateurs est exigée pour assurer une transmission de savoirs efficaces. Des programmes spécifiques pour les ouvertures sont mis en place. Le mode de formation est adapté au besoin et à l’objectif à atteindre : formation en présentiel, e-learning, blended-learning, immersion, formation sur le terrain…

Quel est l’impact de l’émergence d’une classe moyenne sur le secteur de l’hôtellerie ?

Avec l’émergence de la classe moyenne africaine, nous constatons une réelle intensification des flux interrégionaux, particulièrement d’investisseurs africains qui souhaitent développer leurs activités sur le continent.

Notre objectif est d’accompagner cette nouvelle donne dans leur développement. Comment ? En permettant à cette nouvelle classe de jeunes entrepreneurs de voyager dans les meilleures conditions possibles, avec des offres hôtelières de qualité et au meilleur prix.

Aussi, l’emergence de cette classe, avec un pouvoir d’achat plus large, nous encourage à enrichir notre offre sur le continent notamment nos services dans le segment luxe et dans le loisir.

Enfin, parmi cette classe moyenne éclosent de nouveaux partenaires locaux qui voient dans l’hôtellerie des perspectives d’investissements attractifs sur le long terme.

Quel état des lieux du segment luxe en Afrique pouvez-vous faire ?

La stratégie du groupe sur le continent est de couvrir l’ensemble des segments de l’hôtellerie sur le continent, dont celui du luxe.

L’une des opérations majeures qui témoigne de nos ambitions de développement international de ce segment est le rachat du groupe FRHI (Fairmont, Raffles et Swissôtel).

Nous souhaitons enrichir l’expérience de nos clients en Afrique, où le luxe et les loisirs se développent fortement.

Le Maroc est une bonne illustration de nos activités en matière d’hôtellerie de luxe en Afrique, avec la conclusion en avril d'un accord de gestion pour le Fairmont Royal Palm Marrakech ainsi que des projets d’ouverture d’hôtels Fairmont à Rabat et Agadir.

Lynda EL MEZOUED

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