Jean-François Palus (Kering) : « Notre ambition est de permettre à nos clients d'exprimer leur personnalité »
Décideurs. Kering a achevé une longue période de transformation l'année dernière avec les cessions de La Redoute et Relais Colis. Le groupe tire-t-il désormais pleinement parti de son recentrage sur ses activités luxe et « sport & lifestyle » ?
Jean-François Palus. Nous avons, ces dernières années, renforcé les structures du groupe, et mis en place une organisation reflétant la spécificité des métiers de nos différentes marques. Notre modèle opérationnel est désormais intégré, pragmatique et réactif. Notre priorité est la croissance organique de nos marques. Chacune d'entre elles bénéficie du degré d’autonomie et de responsabilité dont elle a besoin pour préserver sa liberté créatrice, sa stratégie en matière de produits, ainsi que son image et son positionnement propres. Kering définit les orientations qui forment le cadre dans lequel chacune des marques évolue, nous assurons la cohérence de nos activités et nous mutualisons les services dès que possible (immobilier, e-business, achats indirects, propriété intellectuelle…) pour permettre aux marques de se concentrer sur leurs objectifs opérationnels et les accompagner dans leur développement à l’international.
Décideurs. Gucci et Puma affichent des résultats en demi-teinte. Comment comptez-vous dynamiser ces marques ?
J.-F. P. Gucci a mis en œuvre depuis le début de 2015 un programme de reconquête ambitieux. La marque est en train de recueillir les premiers fruits de ce plan d’actions prometteur. La nouvelle orientation de Gucci présentée par le directeur de la création nommé en janvier 2015, Alessandro Michele, a reçu un accueil remarquable lors de la dernière semaine de la mode à Milan. Les débuts de sa collection Croisière, disponible dans quelques magasins, sont très encourageants. Il a d’ailleurs été nommé International Designer of the Year, le 23 novembre dernier.
En ce qui concerne Puma, la relance est également fermement engagée. Des plans d'actions sont mis en œuvre depuis deux ans. La marque a retrouvé des couleurs et les nouveaux produits sont très bien accueillis par les détaillants et les consommateurs. D’ailleurs, les bonnes performances commerciales de Puma se confirment, en particulier dans la catégorie chaussures, qui est la plus importante.
Décideurs. Comment conciliez-vous la dimension artistique et esthétique de votre travail avec les impératifs économiques d'un groupe comme Kering ?
J.-F. P. Nous sommes d'abord très actifs dans la protection et l'enrichissement du capital immatériel de nos marques. Nous adaptons ensuite constamment la structure et l'efficience des collections. Ces ajustements visent à répondre aux besoins de nos clientèles en termes de fonctionnalités, de tendances, d’échelles de prix, de calendrier de présentation, de productions et de livraisons, et enfin de coûts de développement. Nous cherchons également à développer les catégories de produits dont le potentiel est encore sous-exploité. Parce que les lunettes ont une dimension « aspirationnelle » forte, nous avons remis la main sur leur fabrication en créant Kering Eyewear. Avec 350 millions d’euros environ de volume d’activité, nous figurons, de fait, parmi les cinq principaux acteurs du marché. La lunetterie est un axe stratégique : c’est l’une des catégories de produits à la croissance la plus rapide parmi les accessoires.
Décideurs. Comment avez-vous réussi à imposer le nom et la marque Kering dans le secteur de la mode ?
J.-F. P. Le changement de nom a permis de rendre visible la transformation du groupe, de refléter sa nouvelle identité et son nouveau positionnement. Il symbolise la manière dont un groupe fier de ses racines prend soin de ses marques, de ses collaborateurs, de ses clients, des parties prenantes avec lesquelles il interagit, mais aussi de l’environnement. Notre ambition est de proposer à nos clients des produits qui leur permettent d’exprimer leur personnalité. Pour ce faire, nous donnons à nos marques les ressources dont elles ont besoin pour exploiter pleinement leur potentiel, tout en veillant à ce qu’elles restent fidèles à leurs valeurs et à leur identité. C’est ce que nous exprimons par notre signature « Empowering Imagination ».
Propos recueillis par Jean-Hippolyte Feildel