Assortir l’ambition économique d’un projet politique, penser le temps long et l’ouverture aux autres, en finir avec le Bruxelles-bashing… Emmanuel Macron évoque les conditions sine qua non pour relancer la machine européenne.

 « L’Europe est à plusieurs vitesses, c’est un fait, et elle est également à plusieurs formats. Il y a le club désormais à 27 du marché unique, le club à 19 de la zone euro, celui de Schengen et celui de la défense. La question est : comment continuer à approfondir cette histoire aujourd’hui ? En termes de contenu, nous devons aller au bout de ce qu’est le marché unique, dont l’ADN repose sur les libertés, les coopérations et les solidarités. Nous avons perdu ce triptyque de vue pour en faire quelque chose d’hyperlibéral.

 

Pour exister, le marché unique doit aussi être un projet politique. Et pour qu’il le devienne, il faudra, à quelques-uns, prendre des initiatives. On ne peut toujours attendre que celles-ci viennent de la Commission. D’autant qu’à l’heure actuelle la capacité de traction de nos structures communes est faible ; d’où la tentation de se replier sur ses priorités nationales.

 

« L’Europe s’est construite sur des projets de temps long qu’on acceptait de porter en prenant des risques immédiats. Ce n’est plus le cas aujourd’hui »

 

L’Europe s’est construite sur des projets de temps long qu’on acceptait de porter en prenant des risques immédiats. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, d’où l’apparition de deux écueils : le recours au référendum à tout-va et la tentation du repli sur soi. Les gouvernements ont installé l’idée que Bruxelles était le problème mais c’est de la démagogie ! Bruxelles est le fruit de choix souverains. On a installé le scepticisme européen alors qu’il faut de la pédagogie pour expliquer les décisions de Bruxelles.

 

L’Europe est également devenue trop narcissique alors qu’on l’a faite pour se projeter dans un monde ouvert. On a oublié cela, si bien qu’on n’a pas voulu définir les termes d’une souveraineté européenne, mais l’Europe c’est une souveraineté à 27… L’ambition, désormais, consiste à être à la fois plus ambitieux et plus protecteur quand la situation l’exige. Poursuivre les réformes engagées dans chaque pays membre tout en pensant une politique de solidarité au sein de la zone euro. Nous devons aller vers plus d’intégration sur la politique fiscale, disposer d’un budget commun à la zone euro et nous doter d’un parlement démocratique. »

 

Propos recueillis par Caroline Castets

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