Saint-Nazaire retrouve un rythme de croisière
Alors que le contexte géopolitique et l’essor du terrorisme menacent le tourisme mondial, le secteur de la croisière n’est apparemment pas prêt de couler. En 2015, 6,6 millions de vacanciers européens l’ont choisi, soit 3 % de plus sur un an. Quatrième acteur mondial du marché et leader sur le Vieux Continent, le groupe MSC croisière souhaite tirer profit de cette dynamique pour renforcer son offre : « En France, le marché de la croisière est en croissance de 10 %. Cette commande doit nous permettre d’augmenter notre volume d’offres pour profiter de l’essor du secteur », indique Patrick Pourbaix, directeur général France de MSC Croisières. De surcroît, compte tenu des perspectives de croissance sur les marchés américains et asiatiques, cet investissement doit aussi permettre au groupe de se « positionner » sur ces zones géographiques, précise Patrick Pourbaix. Partenaire historique de MSC Croisières depuis 2002 (douze paquebots livrés), la société STX semble avoir les arguments nécessaires pour continuer à répondre aux exigences du croisiériste : « Notre priorité consiste à fournir un service de qualité toujours plus innovant, notamment grâce à la technologie et au savoir-faire du groupe STX », confirme Patrick Pourbaix. Une récompense pour le chantier de Saint-Nazaire, dont la mission est désormais de construire les plus grands bateaux de croisière au monde : 200 000 tonnes, 335 mètres de long avec 2 750 cabines et une capacité de 7 000 passagers. De quoi faire la fierté du président de la République, François Hollande, qui s’est empressé d’officialiser la vente sur les réseaux sociaux en qualifiant ce contrat de « belle réussite ».
Le rôle déterminant de l’État
Actionnaire à hauteur de 33 % des chantiers de l’Atlantique, l’État a su se montrer persuasif pour convaincre MSC Croisières d’investir. Il a notamment rendu favorables certains mécanisme financiers tels que le crédit impôt compétitivité emploi (CICE) ou encore le crédit impôt recherche (CICR), permettant à STX d’être plus compétitive que ses homologues européens. De plus, le gouvernement a également prolongé d’un an la possibilité pour les investissements productifs d’être amortis à hauteur de 140 %, optimisant ainsi les coûts des entreprises françaises. Une manœuvre qui fait le bonheur des Pays de la Loire, d’autant que les chantiers de Saint-Nazaire accumulent les demandes. Entre 2014 et 2015, MSC avait déjà commandé quatre bateaux à STX. Au total, le croisiériste aura investi plus de sept milliards d’euros à Saint-Nazaire depuis 2014.
3 500 emplois sur dix ans
Si ces investissements permettent de remplir un peu plus les caisses de STX, les conséquences économiques pour la région sont aussi très positives. « Cette commande va générer 37 millions d’heures de travail supplémentaires pour les chantiers de Saint-Nazaire, soit 3 500 emplois sur dix ans », s’enthousiasme Paul Jeanneteau, président de la commission entreprise des Pays de la Loire. Par ailleurs, les répercussions vont également impacter l’activité indirectement liée à la construction navale. Une information que confirme Paul Jeanneteau : « Au niveau de la sous-traitance, cet investissement va créer 500 emplois supplémentaires. » Au total, 2,2 % des 178 980 habitants de la région enregistrés à Pôle emploi en février dernier vont retrouver un travail. Une petite bouffée d’air pour les locaux, qui avaient vu le nombre de chômeurs en catégorie A augmenter de 2,4 % sur un an. Autre information importante, le secteur industriel représentait environ 16 % de l’offre d’emplois régionale, soit 11 934 poste en février 2016. C’est dire l’importance de ce nouveau contrat pour les travailleurs. Outre l’impact sur l’emploi, cet investissement vient également mettre en lumière le savoir-faire régional : « Ce deal va à la fois bonifier l’image de la région mais aussi favoriser la montée en compétence des travailleurs liés au secteur. De quoi faire des Pays de la Loire une région plus attractive », se réjouit Paul Jeanneteau. Un atout qui pourrait convaincre d’autres entreprises de venir s’installer dans la région.
R. T.