Antoine Treuille, président, French-American Foundation«  Le coût des acquisitio est bas, le marché immobilier est incitatif et la concurrence affaiblie »Décideu : Quelle est la mission de la fondation ?

Antoine Treuille,
président, French-American Foundation

«  Le coût des acquisitions est bas, le marché immobilier est incitatif et la concurrence affaiblie »

Décideurs : Quelle est la mission de la fondation ?


Antoine Treuille : La fondation a pour vocation de favoriser le dialogue entre décideurs français et américains. Ce dialogue peut concerner des sujets aussi vastes que l’environnement, l’urbanisme, la défense, l’intégration sociale, le commerce ou les médias. Nous cherchons à intensifier les réseaux entre la France et les États-Unis et à en créer de nouveaux.
Un de nos programmes phares est le programme Young Leaders. Il regroupe 20 Français et 20 Américains. Ces jeunes décideurs, aux horizons différents, se réunissent régulièrement lors de sessions organisées par la fondation. Hillary Clinton et Henri de Castries comptent parmi les anciens.

Décideurs : Est-ce difficile pour une PME française de s’établir aux États-Unis ?


A.T. : Cela dépend du type d’entreprise. Pour une entreprise financière (banque de dépôt notamment), l’implantation aux États-Unis est assez chère. Pour une entreprise industrielle, s’il s’agit d’ouvrir un bureau de représentation, la démarche est simple. Il faut créer une entité juridique (ce qui ne prend que 24 heures et coûte  moins de 1 000 dollars !), ouvrir un compte en banque, louer des locaux, trouver un show-room, etc.
Rien d’autre que de la logistique entrepreneuriale classique. Si la distribution est sous-traitée, il suffit de faire appel à une société indépendante qui revend les produits. Si la distribution est intégrée dès le début, la vraie difficulté dans ce cas est de choisir le lieu d’implantation.

Décideurs : Existe-t-il une géographie des marchés qui permette de savoir où s’implanter ?


A. T. : Pas de manière aussi arrêtée. Cela dépend vraiment du secteur approché et du business model. Le marché américain est immense. Il faut avoir une approche quadrillée du territoire, d’abord en fonction de l’offre apportée.
En toute bonne logique, il vaut mieux se placer près d’un port si le produit vendu est lourd. Chaque région a un marché de prédilection. L’État de New-York abonde en show-rooms de gadgets de mode par exemple.  

Décideurs : L’acquisition est-elle la stratégie d’entrée sur le territoire américain la plus opportune en 2009 ?


A. T. : Le coût d’entrée par acquisition est nettement moins important qu’il y a deux ans. Mais il n’y a pas que ce coût qui soit incitatif. Aujourd’hui, le marché américain invite clairement à l’implantation de sociétés étrangères, et toutes formes d’implantation. Le coût de l’immobilier est très bas, la concurrence est affaiblie et le dollar est bas.

Décideurs : Les gouvernements fédéraux américains encouragent-ils l’implantation d’entreprises étrangères ?


A. T. : Oui, les États ainsi que les communes peuvent apporter un soutien significatif aux entreprises qui cherchent à s’implanter localement, qu’elles soient américaines ou non. La proximité avec le pouvoir local me semble même être la clé du succès aux États-Unis, et c’est l’entrepreneur multirécidiviste que je suis qui parle. Les pouvoirs américains sont extrêmement accessibles, beaucoup plus qu’en France.
Après le choix stratégique du lieu d’implantation, la première chose à faire est de contacter le congressman, le sénateur du coin. Il se fera un plaisir de recevoir le directeur d’un nouveau groupe, s’il est de taille suffisante.
Les grandes villes comme New York ou Chicago disposent d’un bureau chargé de l’accompagnement initial des plus petites entreprises. Les avantages sont innombrables : mise en contact avec les bonnes agences d’emploi, financement de formations, exonérations fiscales, équipement des routes si votre usine est isolée, …
C’est le type de sponsoring politique sur lequel un entrepreneur étranger peut compter s’il crée des emplois aux États-Unis. Et il faut se sortir de la tête cette idée très répandue que les Américains sont protectionnistes.

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