Laurent Gosseaume, CEO de la maison de luxe, s'appuie notamment sur le private equity pour conquérir de nouveaux marchés et asseoir un leadership mondial. 
Décideurs. La stratégie d’une maison de luxe telle que Mériguet repose-t-elle uniquement sur la fourniture de services et produits premium ?
Laurent Gosseaume. C’est le cœur de notre savoir-faire, nous avons bâti notre réputation sur l’excellence, et effectivement nos clients ne s’attendent à rien d’autre lorsqu’ils font appel à nous et ce, dès avant la signature du contrat. Nous accordons à chaque projet la même attention, quelles que soient ses chances d’aboutir. Tous les devis sont réalisés avec une grande précision, nous n’hésitons pas à nous déplacer autant de fois que nécessaire et surtout, ils sont en général accompagnés par des échantillons de taille conséquente. Dorure, peinture décorative, effets de matière : notre atelier a l’habitude de mettre en forme les désirs de nos clients de façon ultra-personnalisée. Cette philosophie, très contraignante, nous permet de participer à des projets souvent hors norme, comme la réfection du fameux bureau ovale de la Maison-Blanche, par l'intermédiaire de notre filiale américaine. Nous accordons une importance majeure au respect d’un certain art de vivre à la française qui passe en particulier par la formation de nos compagnons. Les anciens – certains sont à l’Atelier depuis plus de trente ans – forment les nouvelles recrues, patiemment, au fil du temps et il faut pas moins d’une dizaine d’années pour pouvoir prétendre maîtriser certaines techniques. Le recrutement est fondamental, je reçois ainsi personnellement chaque candidat, et pour être embauché, le CV est moins important que la passion du métier.

Décideurs. Avec Qualium Investissement, vous êtes sous la gestion d’un fonds. Est-ce que vous vous portez mieux qu’avant ?
L. G. La relation est très naturelle avec nos nouveaux actionnaires. Ils nous écoutent et ils nous suivent. Concrètement, ils ne nous mettent pas de bâtons dans les roues : si on insiste sur un projet en pensant que c’est le meilleur pour l’entreprise, on a généralement gain de cause. Et puis le véritable apport pour une entreprise du luxe et du bâtiment telle que Mériguet, c’est l’aspect business du private equity. D’un point de vue commercial, nous pouvons aussi bénéficier des contacts de notre actionnaire et ainsi diversifier notre clientèle. Bientôt, Atelier Mériguet va ouvrir une filiale au Qatar et notre partenaire financier y a largement contribué. Par ailleurs, nous avons fait l’acquisition d’une entreprise de marbre en 2014 à la barre du tribunal et le fonds d’investissement nous a grandement aidés par l’analyse des chiffres en jeu. La transaction porte déjà ses fruits puisque la cible a déjà généré un Ebitda positif de plusieurs millions d’euros.

Décideurs. À étudier votre référentiel clients, quels sont les marchés porteurs du luxe aujourd’hui ?
L. G. Il est impératif d’être présent au Moyen-Orient et en Asie. Nous étudions par exemple un marché pour une trentaine de villas à Macao, où des projets immobiliers pharaonesques sont en cours. Ce sont des opportunités très excitantes.

Décideurs. Quelle est votre ambition ultime pour Mériguet-Carrère ? Le leadership mondial ?
L.G. Aujourd’hui, nos concurrents sont les artisans. En décor, il n’existe pas d’acteur tel que nous, capable de proposer toute une palette de services haut de gamme dans le secteur du bâtiment. Mais contrairement à des auto-entrepreneurs qui parviendraient à se regrouper pour un projet, nous avons la faculté de déployer cinquante personnes sur un chantier. Notre ambition ultime : devenir le LVMH ou le Kering du bâtiment.

F.S.

Newsletter Flash

Pour recevoir la newsletter du Magazine Décideurs, merci de renseigner votre mail

{emailcloak=off}