Matthieu Birach (Doctolib) : "100 % des salariés vont devenir actionnaires de la société"
Décideurs. Alors que le marché de l’emploi est tendu, vous recrutez une centaine de collaborateurs par mois. Qu’est-ce qui séduit et attire ces nouveaux talents ?
Matthieu Birach. Doctolib compte actuellement 2 300 collaborateurs et notre objectif est d’atteindre rapidement le nombre de 3 000 employés. La moitié des recrutements s’effectue en France, le reste en Allemagne et en Italie. Notre stratégie de recrutement est centrée sur le coeur de notre mission : améliorer le système de soins. Tout le monde est à la recherche de sens et souhaite avoir un impact positif sur la société. La crise sanitaire a mis en valeur la mission de Doctolib : aider au quotidien les professionnels de santé et œuvrer pour un système de santé plus égalitaire et accessible à tous. Le projet de Doctolib promet aux talents qui nous rejoignent la possibilité d’avoir un impact mesurable et concret sur la vie des gens.
Comment intègre-t-on autant de nouvelles recrues dans une société en hypercroissance ?
Cette forte croissance ne signifie pas que nous ne prenons pas le temps. Bien au contraire, notre développement nous permet d’offrir des programmes de formation sur le long terme. Chaque mois, une semaine entière est dédiée à l’accueil des nouveaux candidats. Mais une bonne intégration ne peut pas s’effectuer en une semaine. Notre programme d’onboarding, la Doctolib Academy, se poursuit donc durant trois mois et embarque tous les nouveaux arrivants, des stagiaires aux membres de la direction. Tous les collaborateurs doivent pouvoir comprendre les stratégies de Doctolib afin d’en devenir "partie prenante".
"La Grande Démission peut se réveler une chance pour les entreprises, les inciter à se démarquer"
Vous avez un devoir de transparence auprès des équipes…
Notre mission est de construire une équipe d’entrepreneurs avec des valeurs humanistes. La communication s’avère très importante pour engager les collaborateurs. Au-delà de la transparence, nous avons aussi un devoir d’accompagnement. Les métiers évoluent et les talents souhaitent désormais développer leurs compétences. Notre objectif est de satisfaire leur besoin d’apprentissage, d’évolution. Ainsi, à la suite de la mobilisation exceptionnelle des équipes en 2021, nous avons décidé d’aller beaucoup plus loin : 100 % des salariés deviendront actionnaires de la société à compter de cette année.
"Marché de candidats", est-ce votre constat ? Comment les stratégies RH peuvent-elles s’y adapter ?
La crise a grandement accéléré la digitalisation, renforçant ainsi le besoin de certains métiers qui sous-tendent le numérique. Cette tendance va s’accroître durant les prochaines années. La Grande démission peut se révéler une opportunité pour les entreprises, les inciter à se démarquer. Le rayonnement économique ne suffit plus pour se rendre attractif. La tendance de fond indique que les candidats souhaitent avoir un impact sociétal par l’intermédiaire de leur métier. ll faut être ambitieux. Les entreprises sont à présent appelées à travailler leur raison d’être. Nous souhaitons ainsi devenir une entreprise à mission. Les questions de diversités et d’inclusion doivent être évoquées plus régulièrement à l’ordre du jour des Comex. Face à la "guerre des talents", des leviers existent et n’attendent qu’à être activés.
Propos recueillis par Elsa Guérin