Philippe Colin (Lafarge) : "le DRH doit être le garant du système"
Décideurs. Quel est le plus gros challenge que vous avez relevé dans votre carrière ?
Philippe Colin. Mon plus gros challenge a été d’avoir plusieurs métiers à temps plein en même temps ! Chez Office Depot je m’occupais des ressources humaines au niveau européen, soit 9 000 personnes à gérer dans quatorze pays pour un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros ; en parallèle j’étais DRH du Royaume-Uni et de l’Irlande, deuxième zone la plus importante pour Office Dépôt, et j’étais basé à Leicester. J’ai été, concomitamment, DG de la France, zone représentant 500 millions d’euros. Par conséquent, pendant six mois j’ai eu trois postes à temps plein !
"Le DRH doit être le partenaire stratégique de l’entreprise"
Quelle est votre vision des enjeux de la fonction RH dans la période particulière que nous traversons ?
Les enjeux sont d’accompagner les équipes et les transformations des entreprises. Auparavant, seuls certains secteurs d’activité étaient concernés. Aujourd’hui ces transformations sont partout, elles se multiplient et se chevauchent. Le DRH doit rester à l’écoute et se positionner comme un partenaire stratégique de l’entreprise. Son rôle fondamental en cette période est d’être le garant du système. C’est l’essence même de la fonction des ressources humaines. Il doit également s’emparer du rôle de vigie pour préparer l’entreprise, ses collaborateurs et son organisation, aux défis de demain. Et ils sont assez nombreux : les nouvelles façons de travailler, la nécessité de maintenir une agilité des organisations et l’intégration de plusieurs générations en même temps avec des capacités différentes d’adaptation au changement et des visions divergentes de l’engagement dans l’entreprise.
"Digitaliser tant l’entreprise, que la fonction RH"
Quelle est votre feuille de route chez Lafarge ?
En premier lieu, nous gérerons un chantier business : l’accompagnement de la transformation du business de Lafarge vers le bas carbone. Ce mouvement a un impact important puisqu’il génère de nouveaux métiers, et notamment dans l’économie circulaire. Il implique de nouvelles façons de travailler, y compris dans nos process industriels. Il faudra aussi expliquer aux clients et aux prospects les nouveaux produits bas carbone et la feuille de route afférente. Le deuxième chantier est celui de la digitalisation tant de l’entreprise, que de la fonction des ressources humaines. L’enjeu à court terme est celui du déménagement du siège social avec le passage au flex office, qui de l’accompagnement du changement et de la formation pour les managers, au-delà du design de l’aménagement des locaux.
Propos recueillis par Anne-Laure Blouet Patin