Le ministère du Travail a tranché : les prises de température sont déconseillées et les tests sérologiques interdits. Une décision qui va à l’encontre des plans de déconfinement organisés depuis plusieurs jours par certaines entreprises. Une question sensible.

Les services de Muriel Pénicaud ont publié dimanche 3 mai au soir le protocole de déconfinement applicable à l’ensemble des entreprises du secteur privé, ainsi qu’aux associations. Plusieurs grands groupes avaient anticipé et préparé leur propre plan d’actions. Certains devront sans doute les modifier pour tenir compte des règles qui viennent d’être édictées. Parmi les points sensibles figure la question des tests sérologiques et de température à destination des salariés.

Veolia, ST Microelectronics : les précurseurs

Quelques groupes les organisent déjà depuis plusieurs semaines. C’est par exemple le cas de STMicroelectronics qui avait conclu dès le 18 mars un accord d’entreprise prévoyant la possibilité d’organiser sur les sites des "prises de température systématiques".  Si ces initiatives sont découragées par le protocole gouvernemental, elles restent autorisées sous certaines conditions : une information préalable des personnes concernées, et le "respect de leur dignité".

Ce n'est pas le cas des tests sérologiques en revanche. Chez Veolia, le sujet s’avère désormais complexe. Le groupe s’était organisé pour être en mesure d'en faire bénéficier son personnel. Son plan d’accompagnement au déconfinement prévoit ainsi un dispositif de grande échelle. "Tous les collaborateurs bénéficieront d’un test sérologique et un test PCR de dépistage du virus prévoit-il. Cette campagne de dépistage systématique se déploie d’ores et déjà en France où il sera proposé à chacun des 50 000 salariés de l’entreprise dans le pays".

Pas de tests massifs

Au cours d’une conférence organisée le 4 mai par le cabinet de conseil LHH (ex-Altedia), le PDG du groupe, Antoine Frérot, expliquait que les tests demeurent facultatifs, leurs résultats confidentiels et qu’ils constituent une réponse aux attentes des collaborateurs. "Ces mesures sont applaudies par nos salariés ! affirme-t-il. À commencer par les 20 000 personnes qui ont poursuivi le travail pendant le confinement et qui auront du mal à accepter de continuer autrement." Mais la pratique n’en demeure pas moins contraire au principe édicté par le protocole de déconfinement.

Pour Muriel Pénicaud, répondant à Antoine Frérot, la généralisation des tests dans l’entreprise peut conduire à faire pression sur les collaborateurs et se heurte au secret médical. Par ailleurs, "c’est inefficace sur le plan sanitaire sauf à les faire tous les jours." ajoutait la ministre.

Si certains employeurs sont convaincus de la pertinence de ces dispositifs, c’est que le retour au travail, et la reprise efficace de l’activité, ne repose pas que sur des réponses purement sanitaires. "Une réalité qui n’est pas perçue n’existe pas" invoquait ainsi Antoine Frérot. Il faudra donc trouver d’autres moyens de redonner confiance aux salariés pour les voir reprendre sereinement le chemin de leur entreprise.

Marie-Hélène Brissot

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