Y.Bouvier (EDF) : "Encourager la création d'entreprise par les alternants"
Décideurs. En quoi consiste l’action de la Fipa ?
Yann Bouvier. La Fipa est une fondation qui a été créé en 2016, à l’initiative d’entreprises privées. Elle réunit treize grands groupes internationaux, dont EDF, autour d’une ambition commune : promouvoir et développer l’alternance et l’apprentissage de demain, en travaillant sur des cas concrets plutôt que sur de simples recommandations. Les membres proposent des projets, qui sont testés puis développés selon leur faisabilité et leur pertinence. Lorsque les retours s’avèrent particulièrement positifs, ils peuvent être redéployés. C’est le cas de notre dispositif d’orientation alternée « Discovery » qui fait découvrir le monde de l’entreprise à des collégiens. Un second, baptisé « Horizon » dédié à l’intégration de réfugiés sur des métiers en tension, sera également réédité prochainement.
Quels sont les projets les plus emblématiques portés par la fondation ?
Sans doute notre initiative historique, Altern’Up, conçue dès la création de la fondation et qui a pour but d’encourager la création d’entreprise par les alternants. Il s’agit d’un excellent moyen de faire rayonner l’alternance et de montrer qu’elle ouvre des portes. L’apprentissage se heurte à un problème d’image. Il ne gagnera ses lettres de noblesse que lorsqu’il permettra d’accéder aux plus hautes fonctions en entreprise.
La fondation se mobilise actuellement sur les innovations de la loi Avenir professionnel…
Oui. Cette loi a ouvert aux entreprises la possibilité de créer leur propre centre de formation d’apprentis (CFA). Un groupe de travail a été constitué pour réfléchir collectivement sur les perspectives ouvertes par cette législation et a rédigé un guide, rendu public depuis.
L’ouverture d’un CFA interne n’est-elle pas l’apanage des grands groupes ?
La pertinence de la création d’un CFA ne dépend pas de la taille de l’entreprise mais de la nature de son besoin. Elle doit répondre à des besoins nouveaux, et ce même pour un grand groupe. Elle ne sera pas nécessairement bénéfique si ses impératifs sont déjà servis par une offre existante. Une entreprise ayant une problématique de recrutement, de surcroît sur des métiers en tension ou émergeants, ou un besoin fort de reskilling de ses collaborateurs, pourra en retirer un véritable bonus.
Quels seraient les points d’amélioration de la loi Avenir professionnel ?
La réforme va dans le bon sens et porte des avancées tout à fait remarquables. Cela dit, il reste toujours des améliorations possibles. Je pense notamment au retour à l’emploi des personnes les plus éloignées du marché du travail. Les dispositifs d’inclusion pour ces populations, en amont des formations en alternance, n’apportent pas encore suffisamment de résultats, alors que les entreprises recherchent massivement des candidats. Par ailleurs, l’esprit de la nouvelle loi était aussi de permettre de redéfinir l’offre de formation, en la rendant plus adaptée à leurs besoins ou tournée vers les métiers du futur. On aurait pu par exemple encourager la création de nouvelles certifications par un avantage fiscal.
Sophie Thiard