P.Courbebaisse (FFP) : " Une prise de conscience globale de l’enjeu de la compétence "
La formation professionnelle est-elle plus facile d’accès après la réforme ?
La mise en œuvre opérationnelle de la réforme n’est pas encore achevée, nous ne pouvons donc pas encore en analyser les résultats. Nous remarquons cependant une prise de conscience globale de l’enjeu de la compétence au cœur des transformations économiques et sociétales du pays. Pour répondre à ce défi, la Fédération aide au développement de la filière de tous les acteurs de la compétence autour de l’accompagnement, l’orientation, du conseil, de la formation et des solutions pédagogiques, et de la certification. 36% des français ont accès à la formation professionnelle en France et plus de 50% en Allemagne, il nous reste du chemin à parcourir.
Quel bilan faites-vous de la transformation des Opca en Opco ?
Je tiens à préciser que les Opco sont des outils au service des branches professionnelles, ils financent l’alternance, le plan de développement des compétences pour les entreprises de moins de cinquante salariés, et accompagnent les branches dans la gestion prévisionnelle de l’emploi et dans la certification. Ils se mettent actuellement en ordre de marche, leur totale transformation ne sera terminée qu’à la fin du premier ou second semestre. Deux choses sont importantes en ce qui les concerne : la clarté dans la prise en charge des actions de formations et la proximité dans le redéploiement de leurs actions régionales. Par ailleurs, les Opco doivent encourager le co-financement du CPF et créer un accompagnement adapté aux petites entreprises. Tout ceci est entrain de se mettre en place.
L’utilisation de l’application CPF est-elle celle espérée ?
Nous en sommes à la première version de l’application, mais les chiffres sont plutôt prometteurs : 1 million de téléchargements, 136 000 dossiers déposés et 50 000 formations démarrées dans toute la France. Trois points seront améliorés pour les prochaines versions. Le moteur de recherche doit être plus lisible pour les usagers et neutre pour respecter la concurrence entre entreprises de formation. Nous attendons la mise en place des mécanismes d’abondements pour notamment pour les employeurs, les Régions et Pôle emploi. Cela devrait être déployé entre avril et juin.
Les organismes suivent-ils le rythme de la réforme ?
Nous sommes très actifs dans l’accompagnement des entreprises de formation, nous proposons de l’information en direct, des webinars, des échanges. Notre rôle est de suivre toutes les difficultés opérationnelles de la mise en œuvre de la réforme. Il est encore tôt pour mesurer son impact sur le secteur, mais nous constatons la véritable évolution stratégique des entreprises de formation : la certification, la digitalisation, le marketing, et le développement du BtoC.
La tendance est à l’internalisation de la formation, qu’en pensez-vous ?
L’enjeu est que les entreprises développent des stratégies d’investissement dans les compétences et s’engagent à devenir des organisations apprenantes. Elles s’appuient sur les professionnels du développement des compétences, leur expertise pédagogique et de certification, et notamment pour développer la formation en situation de travail (AFEST) qui est désormais reconnue, et c’est une bonne chose.
Roxane Croisier