L.Durain (Caisse des Dépôts) : « Fin juin, les entreprises pourront procéder directement aux abondements sur l’application »
Décideurs. Quel premier bilan faites-vous de la mise en route du CPF ?
Laurent Durain. La Caisse des Dépôts a livré le 21 novembre 2019 l’application mobile ainsi que le site internet du CPF. Aujourd’hui, l’application a été téléchargée par un million de personnes. Le service a trouvé son public. Il a fonctionné dès le démarrage sans difficulté majeure et les premières commandes de formation ont été passées dès le 22 novembre. Leur volume est identique à celui des années précédentes. Le premier des objectifs, celui de la continuité du service, est donc atteint.
Comment évoluera l’application CPF ?
Nous avons construit un processus simple et robuste, destiné à évoluer facilement. La version d’origine a d’ores et déjà fait l’objet de plusieurs modifications et nous continuerons à en apporter au cours du deuxième semestre en analysant la façon dont les usagers se comportent et l’utilisent. D’ici là, les prochaines améliorations prévues concernent l’ouverture aux travailleurs handicapés, aux non-salariés et aux personnes employées à mi-temps. S’y ajoutera ensuite la faculté pour les demandeurs d’emploi de solliciter directement un abondement sur leur compte. En dernier lieu, à partir de fin juin, les entreprises pourront procéder aux abondements directement sur l’application.
Le gouvernement avait annoncé que l’application ferait apparaître les avis laissés par les personnes ayant suivi une formation, à la manière de Tripadvisor. À quel moment cette fonctionnalité sera-t-elle disponible ?
La possibilité de laisser des avis est ouverte depuis novembre dernier. Nous avions précisé que nous attendrions de collecter un nombre suffisant de notes avant de les rendre publiques. Cette étape est prévue pour cet été.
Comment avez-vous construit le dispositif destiné aux abondements ?
Nous travaillons avec un groupe de travail témoin qui réunit des entreprises de toute taille. Nous avons établi un prototype de « portail employeur ». Il a été conçu pour être d’un usage très simple. Il suffit de s’y connecter avec son identifiant net-entreprises, de renseigner la liste des salariés pour lesquels l’abondement est souhaité et d’en préciser le montant.
Quels sont les sujets restant à résoudre ?
Il restait une question, celle de la gestion des accords-cadres mis en place entre un groupe et un organisme de formation. Comment faire en sorte que l’individu mobilisant son CPF puisse bénéficier des conditions tarifaires favorables négociées par son employeur ? Une solution a récemment été trouvée afin que la caisse puisse prendre en compte l’écosystème dans lequel le salarié évolue. Lorsqu’une personne se connectera à son CPF, il lui sera proposé de préciser dans quelle entreprise elle travaille. Lorsqu’elle le fera, l’application fera apparaître le catalogue de formation établi par son entreprise en lien avec ses prestataires habituels.
Comment les entreprises s’approprient-elles le CPF ?
Auparavant, on parlait de formations « prescrites », comme s’il s’agissait de médicaments. La réforme conduit à se recentrer sur la volonté de l’usager. Plus on avance dans le temps, plus les employeurs s’approprient cette approche, s’engagent dans une dynamique de co-financement et nous interrogent à cet égard. Je pense qu’une vraie dialectique s’installera entre le salarié et l’entreprise avec le développement des abondements.
Marie-Hélène Brissot