C.Chevalerias (Velfor) : "Le secteur de l’industrie n’attire plus les talents"
Décideurs. Quels sont les principaux enjeux RH de Velfor ?
Christophe Chevalerias. Velfor est une entreprise familiale créée en 1972 par son actuel PDG. Nous disposons de cinq sites industriels dans lesquels le plastique est transformé en pièces techniques et emballages pour différents domaines d’activité. Trois d’entre eux sont situés sur le plateau de Haute-Loire et deux en région Rhône-Alpes. Cela représente 220 collaborateurs permanents et une vingtaine d’intérimaires en totalité. Une part importante de ces salariés part à la retraite de manière anticipée, après avoir effectué une longue carrière au sein de Velfor. Nos besoins en recrutement ont ainsi rapidement pris de l’ampleur sur l’ensemble des fonctions, mais surtout sur les postes techniques.
Vous rencontrez des difficultés de recrutement, à quoi sont-elles dûes ?
De façon générale, nous connaissons une pénurie de talents dans le secteur industriel, et bien souvent ceux qui s’engagent dans cette voie sont embauchés avant même la fin de leurs études. Par ailleurs, le manque d’attractivité du secteur industriel, et encore plus celui de la plasturgie qui souffre d’une mauvaise image (plastic bashing), constitue un véritable frein. Nous rencontrons ainsi des difficultés pour attirer de jeunes diplômés, notamment sur des postes clés, comme celui de régleur de machines de production, qui ne s’apprennent parfois même plus, comme le thermoformage.
Quelles solutions mettez-vous en place pour remédier à ces difficultés ?
Nous avons créé des partenariats avec des écoles et organisons des visites de nos ateliers pour attirer les étudiants. Nous proposons également une formation en interne pour les postes industriels clés : nous recrutons des jeunes diplômés dans le domaine de l’industrie en général et leur apprenons leur futur métier. Cet accompagnement est maintenu durant l’évolution professionnelle du collaborateur puisqu’il existe plusieurs possibilités de carrière au sein de l’entreprise et de passerelle entre les postes. Par ailleurs, la direction des ressources humaines n’hésite pas à utiliser son réseau professionnel ou personnel pour aider les futurs collaborateurs, venus parfois d’autres régions, dans leur installation. Cela peut aller de la recherche d’emploi pour le conjoint, à celle du logement, en passant par l'obtention d’un prêt bancaire ou l’aide au déménagement.
Comment améliorer l’image du secteur ?
L’industrie de la plasturgie est très décriée pour des raisons écologiques. Nous travaillons actuellement avec la branche afin de mettre en place une politique RSE visant à redorer le blason des métiers du plastique. Aujourd’hui, le milieu industriel se modernise, il est plus propre, plus fiable et cherche encore à s’améliorer chaque jour. Que ce soit nos collaborateurs, nos candidats ou même nos clients du secteur automobile, agroalimentaire, médical ou cosmétique, tous sont sensibles à une démarche de développement durable.
Roxane Croisier