S.Kieffer (Sogetrel) : "Créer des passerelles entre insertion et entreprises"
Décideurs. Vous avez lancé il y a deux ans un partenariat avec l’école des Plombiers du Numérique à Blanquefort, près de Bordeaux. Comment est né ce projet ?
Sébastien Kieffer. Il est né de façon très spontanée, d’une rencontre entre le président de Sogetrel et la fondation Impala, à l’origine de ce programme. Xavier Vignon a simplement eu envie de s’associer à cette démarche et de s’engager en faveur du développement d’un emploi stable et de qualité à destination de jeunes qui sont éloignés du monde professionnel. Il a été séduit par la démarche qui consiste à créer des passerelles entre l’univers de l’insertion et celui de l’entreprise privée.
En quoi consiste le programme et comment a-t-il évolué ?
Il s’agit de proposer à des jeunes de suivre une formation portant sur les gestes techniques du métier de câbleur raccordeur en fibre optique. Le programme initial a progressivement été adapté afin de répondre le plus justement possible aux besoins des stagiaires. Nous avons ajouté un accompagnement des apprentis par une structure professionnelle d’insertion à la sortie de la formation et mis en place un mécénat de compétences. Aujourd’hui, le parcours est largement individualisé, adapté aux besoins spécifiques de chacun. Le suivi réalisé par la structure d’insertion peut se poursuivre jusqu’à 24 mois.
Combien de personnes avez-vous accompagnées ?
En 2019, ce sont au total 53 jeunes qui ont bénéficié du programme. Nous avons commencé par le site de Blanquefort, puis nous l’avons étendu à nos implantations du Sud-Est, du Grand Est et de la région parisienne. Au démarrage, sur Blanquefort, la seule grande entreprise impliquée était Sogetrel, nous avons amorcé le mouvement. Depuis, d’autres sociétés des travaux publics ont rejoint le projet, de grands groupes comme des acteurs locaux.
Comment se passe l’intégration de ces jeunes au sein des équipes pendant leur apprentissage ?
Les apprentis que nous suivons ont souvent été déscolarisés, ils ont perdu le goût d’apprendre, et ils n’ont pas l’habitude des contraintes du monde du travail : la rigueur, la ponctualité, l’effort... Il faut les leur transmettre autant que les gestes techniques. Les collaborateurs qui les accueillent doivent s’adapter, et mettre en place une forme de « management différencié ». Mais aucun des opérationnels que nous avons sollicités n’a, à ce jour, refusé de s’impliquer. Ils abordent le sujet de façon assez simple et pragmatique. Ils se « lancent » en quelque sorte. Cette façon d’être est assez caractéristique des équipes de Sogetrel d’ailleurs. Les responsables d’agence sont des entrepreneurs dans l’âme.
Les apprentis peuvent-ils par la suite être embauchés par Sogetrel ?
C’est arrivé. Mais l’idée n’est pas forcément de les embaucher à l’issue de la formation. Il s’agit de les réinsérer, leur enseigner les savoir-faire et savoir-être qui leur redonnent confiance. Bien sûr, des déceptions et des échecs surviennent régulièrement, mais aussi de belles histoires. Beaucoup de ces jeunes travaillent désormais. Ils ont trouvé leur place dans le monde professionnel.
Marie-Hélène Brissot