L.Escure (Unsa) : "Nous n'étions pas demandeurs de la réforme des retraites"
Décideurs Magazine. Vous semblez craindre une étatisation du système de retraite. Quel serait le risque majeur ?
Laurent Escure. Pour le moment, les retraites sont garanties. Mais, avec un système qui reposerait sur la fiscalité, le montant des pensions pourrait devenir une variable d’ajustement en cas de crise économique ou de krach boursier. Concrètement, les députés et les sénateurs pourraient toucher au montant des retraites pour rééquilibrer les comptes publics. Nous sommes vigilants car cela a déjà été le cas dans d’autres pays Voilà pourquoi nous pensons qu’il ne faut pas toucher au système par répartition, ce qui semble être le cas avec la réforme proposée.
Certaines mesures trouvent-elles grâce à vos yeux ?
Oui, même si elles pourraient aller plus loin. Il est pertinent d’augmenter les pensions des salariés au Smic. Mais ce dernier est si faible par rapport au coût de la vie qu’il faudrait qu’un retraité touche a minima le montant du Smic. Nous sommes également satisfaits de ne pas avoir augmenté l’âge légal de la retraite. La simplicité du système envisagé et le fait qu’il corresponde à la nouvelle réalité du marché du travail (freelances, auto-entrepreneurs, carrières multiples…) nous semble une bonne chose. Mais le chemin est encore long pour construire un véritable modèle égalitaire.
Pensez-vous avoir du pouvoir sur l’élaboration du projet ?
Depuis sa nomination, le haut-commissaire semble à l’écoute, mais des intérêts contraires à ceux que nous défendons sont également avancés. Nous n’étions pas demandeurs de la réforme, elle s’est imposée à notre agenda. Donc nous nous sommes attelés aux négociations. Nous jugerons notre action une fois la loi votée et, surtout, les décrets d’application adoptés. Pour le moment, sont fixés, la philosophie et le cadre général.
Propos recueillis par Lucas Jakubowicz