J-P.Camard (Pros-Consulte) : " Notre rôle : écouter, accompagner et soutenir "
Décideurs. Le ministère de l’intérieur vous a attribué le dispositif d’écoute psychologique mis en place au bénéfice du personnel de la police nationale et de leurs familles. Quel va être votre rôle ?
Jean-Pierre Camard. Spécialisés dans la gestion des risques psychosociaux et du stress au travail depuis dix ans, nous mettons notre plateforme d’écoute et des outils numériques innovants à la disposition des agents de la police nationale et leurs familles.
Notre rôle : écouter, accompagner et soutenir. Nos psychologues leurs fourniront une écoute bienveillante, une assistance et des conseils permettant de surmonter leurs difficultés, une orientation s’ils le souhaitent. Nous nous intégrons dans un dispositif de quatre-vingt psychologues de la police qui existe déjà depuis longtemps. Notre spécificité : nous sommes à leur écoute 24H sur 24 et 7J7 et leur proposons une écoute totalement anonyme et un service totalement indépendant de l’institution. Un numéro vert qui leur est dédié a été mis en service le 9 septembre dernier et lancé officiellement par le Ministre de l’Intérieur. Les agents de la police nationale et/ou leurs familles peuvent être mis en relation en quelques secondes et sans attente avec l’un de nos soixante-dix psychologues.
Les psychologues de notre équipe sont tous diplômés, mais aussi supervisés et formés par nos soins, ils sont visibles en temps réel sur notre site internet. Les appelants peuvent donc via le site internet, choisir l’interlocuteur qui leur convient. Pour faciliter encore plus l’accès à notre plateforme, une application mobile est aussi à leur disposition. Très rapidement, chaque agent peut avoir un psychologue au bout du fil ! En cas de besoin ils pourront être réorientés vers des médecins et des psychiatres, grâce au réseau médicalisé de l’association Soins aux professionnels de santé (SPS).
Quelle est la spécificité de cette population ?
C’est une population qui doit se montrer forte, « les Forces de l’Ordre », et qui a du mal à se faire aider. Ce sont des hommes et des femmes qui sont « flics » 24H sur 24. Ils ont été malmenés par la population ces derniers temps, ont été très sollicités (ils passent en moyenne un week-end sur six avec leur famille). Et c’est bien sûr un taux de suicide inquiétant dans leurs rangs cette année. La phrase forte de leur campagne de communication sur notre dispositif, souvent répétée par Monsieur Castaner : « Etre fort, c’est aussi savoir demander de l’aide ».
Afin de mieux nous imprégner de la « culture policière », chacun de nos soixante-dix psychologues va suivre, dans sa région, une journée de « formation – inculturation » assurée par des psychologues formateurs de la police.
Vous avez prévu de solliciter si besoin l’association SPS (Soins aux Professionnels de santé). En quoi cette collaboration est précieuse ?
Cet appui médicalisé était une demande du Ministère, il se trouve que nous travaillons depuis 2016 avec l’association SPS dans le cadre de la prise en charge des soignants en souffrance, nous nous connaissons donc bien. L’association SPS a développé un réseau national de plus de mille intervenants : médecins, psychiatres, psychologues, particulièrement formés à la souffrance au travail et vers qui nos psychologues de la plateforme orienteront les appelants de la police si ceux-ci souhaitent un suivi en face à face en dehors de leur institution.