F.Moreau (LHH Altedia) : " Pour faire face aux défis de la transformation, il faut embarquer le corps social "
Décideurs. On entend beaucoup dire « il n’y a plus de plans sociaux ». Est-ce exact ?
François Moreau. C’est effectivement le cas ! Et ils sont moins volumiques. Cela s’explique par le dynamisme de l’économie française. La rupture conventionnelle collective se développe en revanche. Dans la mesure où sa mise en place requiert la conclusion d’un accord majoritaire, elle traduit une forme de maturité du dialogue social que je trouve positive et qu’il faut encourager pour faire face aux défis de la période actuelle. Tous les secteurs d’activité sont impactés par des mutations profondes : la grande distribution, l’automobile, la banque et l’assurance… Quand Isabelle Kocher, dirigeante d’Engie, annonce que le futur modèle de son groupe consiste à accompagner les entreprises et les particuliers dans la réalisation d’économies d’énergie alors qu’il s’agissait auparavant d’en vendre le maximum, on réalise l’ampleur des changements attendus…
Vous adoptez une posture presque militante sur la nécessité d’un dialogue social de qualité….
Absolument. Ce terme de « militant » me convient très bien. Actuellement, les corps intermédiaires se sentent un peu malmenés par le gouvernement, ce dernier se disant que pour avancer et réformer en profondeur, il est parfois difficile de passer trop de temps à échanger… J’ai pour ma part la conviction que pour faire face aux défis de la transformation, il faut impérativement embarquer le corps social. Et les ordonnances travail, notamment sur la partie CSE et RCC par accord majoritaire, donnent sa chance au dialogue social.
Comment se comportent les entreprises dans la mise en place du CSE. Ont-elles tendance à s’en tenir au texte, ou vont-elles au-delà ?
Certains dirigeants ont vu essentiellement dans les ordonnances l’opportunité de réduire le nombre d’élus. Je ne suis pas certain que cette vision soit pertinente sur le long terme. Les entreprises qui étaient déjà ancrées dans une tradition de dialogue social ont réfléchi plus globalement à la façon de construire l’avenir. C’est toujours la même logique : si on veut transformer en profondeur, cela ne peut se faire qu’avec les partenaires sociaux.
Parallèlement à la diminution du nombre des plans sociaux, constatez-vous une augmentation du nombre d’accords de gestion prévisionnelle des compétences ?
Oui. Les entreprises se préoccupent beaucoup des compétences de demain. Aujourd’hui nous disposons d’outils : les ordonnances, le conseil en évolution professionnelle (CEP), le compte personnel de formation (CPF), la possibilité de mettre en place un CFA etc… Nous bénéficions du relais du groupe Adecco sur ces sujets et notre complémentarité s’avère plus que jamais d’actualité pour répondre aux enjeux de flexibilité et de recrutement des entreprises. Il s’agit donc pour LHH Altedia d’accompagner ce mouvement par la mise en musique de l’ensemble de ces dispositifs en proposant des solutions de diagnostic de compétences et d’employabilité, la construction de plan de développement et la mobilisation du corps social autour de ces projets.
Propos recueillis par Marie-Hélène Brissot