En janvier 2019, Talentsoft, la société de logiciels dédiée aux RH, réalisait une levée de fonds de 45 millions d’euros. Elle figure désormais en tête de liste des futures licornes françaises. Jean-Stéphane Arcis, son P-DG, évoque son ambition : devenir le leader européen.

Décideurs. Talentsoft a réalisé en janvier une levée de fonds de 45 millions d’euros. Quelle est son ambition ?

Jean-Stéphane Arcis. Nous souhaitons devenir la meilleure société de logiciels d’entreprise cloud en Europe. Aujourd’hui, les logiciels d’entreprise sont le monopole de groupes américains : SAP, Oracle, Salesforce etc. Nous voulons qu’un grand groupe puisse faire le choix d’un acteur européen… et qu’il s’agisse d’un choix de raison.

En quoi Talentsoft serait un « choix de raison » ?

Parce que nous combinons une vraie dynamique d’innovation, une taille critique qui permet une exécution à échelle mondiale et la proximité nécessaire à la prise en compte des besoins des multinationales européennes. Elles ne représentent que 10% du portefeuille d’un groupe américain… elles ne peuvent être leur priorité. Mais elles sont celle de Talentsoft.

Quels sont les besoins spécifiques des entreprises européennes ?

Aux États-Unis, le marché de l’emploi est flexible, les employeurs sont plutôt concentrés sur le « up » ou l’« out » : plans de bonus, off boarding… Les employeurs européens, eux, cherchent à composer avec les équipes en place. Ils ont besoin de détecter les compétences cachées et de développer le matching entre les opportunités dans le groupe et les profils et aspirations des collaborateurs. C’est pour cela que nous investissons beaucoup en R&D sur l’optimisation de ce matching, afin de positionner l’outil comme l’assistant personnel du collaborateur comme du manager. Autre élément, les business models des groupes américains sont souvent uniques alors que les entreprises européennes, qui réalisent régulièrement des acquisitions, ont des modèles plus complexes. Elles recherchent en permanence le point d’équilibre entre centralisation et autonomie locale. Cette dynamique est importante et elle a des conséquences sur les rôles, les droits, les visibilités…

Le matching que vous évoquez implique une démarche de transparence de la part de l’entreprise...s'agit-il d'une tendance de fond?

Oui. Aujourd’hui, les grandes organisations poussent à plus de transparence et voient d’ailleurs dans notre plate-forme un moyen de diffuser de nouvelles pratiques de management. C’est d'ailleurs la raison pour laquelle la solution est appréciée des partenaires sociaux; ils sont même souvent moteurs. Dès lors qu'elle s’inscrit dans une démarche d’égalité de traitement, elle exclut le favoritisme  – ce qui rassure les salariés – et favorise le décloisonnement.

Marie-Hélène Brissot

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