Égalité hommes-femmes : portraits de DRH engagés
Présentée le 22 novembre dernier par Muriel Pénicaud et Marlène Schiappa, cette mesure vise à inciter fortement les entreprises à atteindre une totale égalité des sexes d’ici à trois ans. Portraits de cinq DRH qui n'ont pas attendu, avant de s'emparer du sujet :
Audrey Trotereau, Responsable de la mission mixité, Crédit mutuel Arkéa
- Le groupe rassemble 4,2 millions de clients et sociétaires
- Audrey Trotereau a été journaliste pendant quinze ans
- Son conseil : « Ne jamais relâcher la pression ou tout peut s’effondrer aussi vite que cela s’est construit »
L’écart salarial au sein du Crédit mutuel Arkéa atteint les 3 %. Pour Audrey Trotereau, supprimer ces inégalités est une priorité, d’autant que cela permettrait au groupe de devenir pionnier en la matière. Il s’agit d’un travail de longue haleine qui doit passer par une transformation des
mentalités. Des journées sont organisées pour sensibiliser l’ensemble des salariés. La charte de l’entreprise a été modifiée pour permettre une meilleure gestion des impératifs familiaux. Aucune réunion avant 9h30 ou après 17h30 n’est autorisée. Enfin, la responsable de la mission mixité espère « booster les potentiels », grâce à des formations en leadership pour femmes. Une stratégie qui semble porter ses fruits : sur les 40 entités du groupe, 38 ont instauré des plans d’action pour confier un rôle plus important aux femmes.
Blandine Thibault-Biacabe, Directrice des ressources humaines France, L’ORÉAL
- L’Oréal est leader du palmarès Equileap 2017 sur l’égalité hommes-femmes devant 3 000 entreprises
- Le géant des cosmétiques est reconnu deuxième employeur préféré des étudiants en école de communication
- Son atout : vingt ans de carrière au sein des ressources humaines chez L’Oréal
En une décennie, L’Oréal est parvenu à diminuer de 7 % les inégalités salariales entre les hommes et les femmes, passant ainsi de 10 % à 3 % d’écart. Pour atteindre ce chiffre, le groupe multiplie les bonnes pratiques en s’appuyant depuis 2007 sur l’Institut national d’études démographiques (Ined). Il mène également des enquêtes de rémunération annuelle propres à chaque poste en se référant au marché local, afin d’établir des grilles de salaire transparentes. Blandine Thibault-Biacabe s’attache par ailleurs à favoriser l’expatriation des femmes, le passage à l’international étant un vecteur d’évolution important.
Belén Moreu, Directrice des ressources humaines France, Pepsico
- Pour la septième année consécutive, PepsiCo France est certifié « Top Employer »
- Elle est diplômée de Sciences Po Barcelone et Esade Business School
- Sa force : avoir entamé sa carrière chez un géant de l’agroalimentaire
Nommée à la direction des ressources humaines en 2016, Belén Moreu mise sur la transparence des grilles de rémunération afin d’assurer l’égalité salariale hommes-femmes. « Chaque année, nous publions les nouveaux chiffres, à la suite des négociations sur les augmentations de salaire, explique-t-elle. Chacun peut donc savoir à quoi il peut ou pourrait prétendre en cas de promotion. » La DRH introduit également une plus grande flexibilité permettant aux salariés de conjuguer vie privée et vie professionnelle. Elle réserve par ailleurs une attention particulière aux
collaboratrices qui deviennent mères : leur salaire est maintenu dans son intégralité.
Line Pélissier, Directrice de la diversité groupe, ORANGE
- En cinq ans, Orange a développé 17 réseaux de femmes à travers 16 pays
- Le conseil d’administration compte 7 femmes parmi ses 15 membres
- Sa plus-value : une connaissance fine de la finance dans les différents secteurs du groupe.
Orange applique depuis une dizaine d’années une politique d’égalité professionnelle fondée sur quatre piliers : l’accès des femmes aux fonctions managériales, la mixité des métiers techniques, l’égalité salariale, l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. « Chez Orange, la part des femmes est de 36 %, précise Line Pélissier. Notre objectif est que ce pourcentage reste identique à différents niveaux de décision. » Le groupe alloue un budget à la promotion des femmes afin de réduire le phénomène d’évaporation de celles-ci dans les hautes fonctions et responsabilités managériales. Une politique qui porte ses fruits puisqu’Orange affiche aujourd’hui un écart de salaire de 6 % entre les hommes et les femmes, soit un taux inférieur à la moyenne nationale.
Patrick Lepagneul, Directeur des ressources humaines Europe, Moyen-Orient, Afrique, Biomérieux
- L’entreprise a réalisé 2,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires à l’international en 2017
- Biomérieux se classe à la septième place des entreprises françaises favorisant l’égalité professionnelle
- Sa devise : « Keep growing »
Biomérieux met en œuvre l’égalité hommes-femmes en concluant des accords triennaux avec les partenaires sociaux. Les dispositions portent notamment sur l’amélioration de la mixité dans les organisations et l’évolution du pourcentage des femmes dans les fonctions managériales. Grâce au réseau interne « World », une journée européenne consacrée à l’égalité professionnelle s’es tenue à Lyon. Mais c’est aussi à l’occasion des négociations annuelles sur les augmentations que l’entreprise, leader de la microbiologie, s’attache à réduire les inégalités de rémunération. « Chaque année, nous allouons une enveloppe à cette cause pour gommer ces écarts, indique Patrick Lepagneul. Elle représente 0,2 % de notre masse salariale. »
Tom Fouan