Benoît Bonello (Suez): « L’avenir se situe au croisement des enjeux business et sociaux »
Décideurs. Comment est né le programme la Maison pour rebondir ?
Benoît Bonello. Le projet a vu le jour au sein des équipes de la Lyonnaise des eaux. Il a ensuite été repris par la direction des ressources humaines puis a été lancé en 2012. Il part du constat selon lequel il existe un mur entre le monde social – les acteurs de l’insertion et de l’emploi, les associations – et les entreprises. L’objectif à son lancement était de développer l’emploi sur Bordeaux et sa région. Ce territoire a été choisi car l’entreprise y est particulièrement bien implantée et l’ensemble de ses activités représenté.
En quoi consiste-t-il ?
Le premier volet est celui du recrutement. Nous avons travaillé avec les équipes de terrain pour réserver des postes (agents de réseau, techniciens de bureaux d’études, conducteurs poids lourds…) à des personnes éloignées de l’emploi. Contribuer au développement de la création d’entreprises constitue le deuxième volet. Chaque année, quinze personnes sont orientées vers la Maison pour rebondir par les acteurs publics et associatifs des territoires. Des bénévoles, coachs notamment, leur offrent un accompagnement personnalisé pendant neuf mois. Plusieurs entreprises sont nées dans ce programme, par exemple une épicerie à Pessac et une entreprise de peinture en bâtiment.
Existe-t-il des liens avec l’activité de Suez ?
C’est l’objet du troisième volet du programme, directement lié au fait que Suez est une entreprise de l’économie circulaire. Derrière chaque déchet, il y a un potentiel de développement d’emplois et des synergies à envisager avec le groupe. Par exemple, nous avons fait le lien avec les experts des huiles alimentaires de Suez et une association faisant la collecte des bio-déchets auprès des restaurants de la ville pour les valoriser en bio-carburants. Un partenariat a été noué et cette association a ainsi pu équilibrer son modèle économique, développer un nouveau service (la collecte des huiles alimentaires usagées) et recruter cinq personnes supplémentaires.
Quels sont vos projets de développement ?
Il y a sept mois, nous avons créé une direction de l’innovation sociale avec la volonté d’y regrouper toutes les initiatives s’y rapportant. Je dispose désormais d’un financement direct, ce qui est déterminant, ainsi que d’une équipe dédiée. Nous avons plusieurs projets de développement autour de notre collaboration avec l’économie sociale et solidaire, l’intrapreneuriat et le mécénat de compétences notamment. L’ensemble du programme est piloté depuis Bordeaux où nous disposons d’un local de 500 m2 qui nous permet d’héberger des projets. Mais il se déploie désormais sur d’autres régions clés. Il existe un pilote dans le Val-de-Marne. La Maison pour rebondir s’installera également à Lyon en 2018... Nous sommes en effet convaincus qu’il faut conserver une logique territoriale.
Votre programme a-t-il un impact sur la direction des ressources humaines du groupe ?
Oui ! Nous sommes une véritable force de transformation de l’entreprise. Les acheteurs et les commerciaux ont reçu une formation spécifique, nous avons intégré une clause d’insertion professionnelle dans nos appels d’offres… Je crois vraiment dans la possibilité d’aligner business et enjeux sociaux. L’avenir se situe au croisement de ces deux mondes.
Propos recuillis par Marie-Hélène Brissot