Mickaël Jacquemin (CBRE): « La digitalisation n’est qu’un outil au service d’un objectif stratégique plus global »

Décideurs. L’accélération digitale est en cours chez CBRE. Quelles sont les actions RH phares qui accompagnent ce changement ? Quelles difficultés rencontrez-vous ?

Mickaël Jacquemin. Au niveau mondial, il s’agit principalement de mesures d’harmonisation entre les différents pays du groupe. Nous avons par exemple mis en place un SIRH global permettant d’avoir un reporting des effectifs de l’entreprise. Un enjeu de taille avec 75 000 salarié dans le monde…. Mais selon moi, la clé, c’est avant tout une expérience collaborateur pertinente. Au niveau EMEA notamment, des initiatives plus percutantes sont prises, telles que des possibilités de MooC ou d’e-learning mutualisés, partagés entre les pays. Cela n’a qu’une seule limite, la langue, puisqu’il est indispensable de parler anglais. Localement, la digitalisation doit permettre davantage d’efficacité dans les process RH avec l’économie de tâches « digitalisables ». C’est le cas pour les entretiens annuels, la gestion des congés, des recrutements… A terme, tout sera digitalisé chez CBRE. Nous allons même mettre en place la signature électronique du contrat de travail. A l’occasion de notre prochain déménagement, nous passons en Flex 360°. Un tel changement n’est possible que grâce à une digitalisation aboutie… Le rôle des RH est donc d’accompagner ces nouvelles manières de travailler.

Il faut en effet être vigilant. La digitalisation n’est qu’un outil au service d’un objectif stratégique plus global. La logique ne doit pas être uniquement économique. On ne peut pas uniquement rationaliser, simplifier, économiser. Il faut rapprocher physiquement la DRH des opérationnels et réaffecter le temps gagné pour créer de la valeur ajoutée. Ne pas prendre conscience de cet enjeu serait risqué.

Au niveau du management, quels en sont les impacts ?

La révolution managériale en cours repose sur deux tendances majeures : l’ATAWADAC « Anytime Anywhere Anydevice Anycontent » et le management à distance. Pour accompagner cette évolution, tous les supports RH utilisés par nos managers sont digitalisés et c’est très efficace ! Nous veillons à ce que cela reste un support. Prenons l’exemple de l’entretien annuel : l’essentiel reste les messages transmis lors de l’échange entre le collaborateur et le manager. Les statistiques générées par l’outil sont importantes, mais ne constituent pas la finalité de l’exercice et ne doivent pas prendre le pas sur l’importance de l’échange. Nous avons donc en parallèle créé des matinales RH visant à former correctement nos managers à ces outils, gérer les processus et plus généralement, rappeler l’intérêt de la digitalisation.

Comment fonctionner de façon efficace avec la direction générale ?

Nous avons la chance d’être très soutenus par notre direction générale. Nos messages sont alignés. C’est la condition sine qua non de la réussite de tels projets. Bien fonctionner avec la direction générale, c’est aussi mettre l’expérience collaborateur au cœur des échanges. Je reviens sur notre déménagement : pour que le « flex office » soit un succès, la digitalisation est obligatoire mais le tout-digital doit attirer notre attention sur la nécessité non seulement de transformer, mais aussi de renforcer notre présence physique auprès des collaborateurs. Pour être en cohérence avec leurs besoins quotidiens , nous avons créé des groupes de travail dont les membres réfléchissent aux enjeux RH et managériaux de cette transformation digitale.

Propos recueillis par Roxane Croisier