Grands groupes : le portrait-robot des patrons
En 2015, Alexandre Ricard et Eric Olsen ont respectivement pris la tête du numéro deux mondial des vins et spiritueux, Pernod Ricard, et du leader mondial du béton, LafargeHolcim. En 2016, ce sera au tour d’Isabelle Kocher et Henri Poupart-Lafarge de prendre les commandes de Engie et Alstom. Quels sont les points communs de tous ces dirigeants qui pilotent les fleurons de l’économie française ? Ont-ils un profil type qui se déclinent également hors de nos frontières ? Le cabinet Heidrick & Struggles, leader mondial du recrutement de dirigeants et d’administrateurs, a mené l’enquête en France, aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Allemagne. Parue le 30 septembre dernier, cette troisième édition de l’étude baptisée « Route to the Top » trace un portrait-robot des P-DG qui n’a guère évolué depuis 2011.
Des hommes surdiplômés
Dans les quatre pays où l’étude a été réalisée, plus de 90 % des P-DG sont des hommes. En France, 50 % des patrons du SBF 120 sont diplômés des grandes écoles ENA, Polytechniques et autres HEC. Et si la plupart des dirigeants ont obtenu des diplômes d’enseignement supérieur, les trois quarts ont aussi été nommés à leurs fonctions grâce au mécanisme de promotion interne. Rien de nouveau de ce côté-là donc.
Cette étude dévoile cependant quelques évolutions significatives. Si le nombre de P-DG sans diplôme s’est réduit dans les quatre pays – en Allemagne, il n’y en a plus aucun en 2015 –, on constate que présenter unn seul diplôme de l’enseignement supérieur serait de plus en plus discriminant. Au Royaume-Uni, où 50 % des CEO détenaient en 2013 un unique diplôme avancé (bac+5), ils sont désormais 62 % à être titulaires d’un master. À noter néanmoins parmi les tendances émergentes : le MBA n’attire plus les foules chez les aspirants aux plus hautes fonctions. « Ces dernières années, les prix ont considérablement augmenté alors qu’en parallèle d’autres formations plus souples faisaient leur apparition à l’instar des executive masters », constate une associée de Heidrick & Struggles.
Pénurie de femmes
Autre évolution significative, la progression du nombre de femmes à la tête des grandes entreprises. « Le mouvement se confirme d’année en année », souligne Olivier Jéglot, responsable de la practice leadership consulting du cabinet de recrutement. Contrairement aux conseils d’administration où la parité est un objectif légal dans certains pays, il n’y a pas de règle pour le CEO. Avec 9 % de femmes à la tête des cent plus grandes entreprises du pays, les États-Unis sont les plus avancés en matière de mixité. En France, on ne compte que deux femmes parmi les patrons du SBF 120 – Valérie Chapoulaud-Floquet (Rémy Cointreau) et Virginie Morgon (Eurazeo) – et pas une seule au sein du CAC 40 en 2015. C’est « mieux » qu’en 2011 et en 2013, mais « la marge de progression est considérable », estime Marc Bartel, managing partner du cabinet en France.
D’un pays à l’autre
Si les profils se ressemblent, certaines différences existent d’un pays à l’autre. Les entreprises anglaises font plus facilement confiance à des étrangers : ils représentent 35 % des patrons du FTSE100. Outre-Rhin, ce sont les ingénieurs et les scientifiques qui tiennent les commandes des grands groupes. En France, ce sont les diplômes et le premier emploi qui semblent déterminer la trajectoire vers les sommets : un quart des dirigeants français est en effet passé par la case de la haute fonction publique. Enfin, aux États-Unis, l’expérience prévaut dans les conseils d’administration : 72 % des CEO ont plus de 55 ans.
Le portrait-robot des P-DG français
98 % masculin
56 ans en moyenne
90 % de nationalité française
92 % titulaire d’un diplôme d’études supérieures
76 % sans MBA
50 % ont reçu une formation d’élite (ENA, HEC, Polytechnique)
Parcours professionnel initial : hauts fonctionnaires (24 %), management (24 %), finance (20 %), ingénieur (20 %)
31 % avec une expérience à l’étranger
64 % ont été promus en interne
8 années au poste en moyenne
JHF