Cofondateur de la fintech Blank, Charles Alloncle a mis de côté sa vie d’entrepreneur pour s’engager en politique. Cet ex-LR a suivi Éric Ciotti dans son choix d’alliance avec le RN. Devenu député de l’Hérault aux dernières législatives, il revient sur les ambitions de l’UDR, nouveau venu sur l’échiquier politique.

Décideurs Magazine. Depuis les dernières élections législatives, un nombre important de mouvements politiques ont vu le jour. Pourquoi ?

Charles Alloncle. La vie politique française est désorganisée. Il paraît difficile de trouver des majorités claires, de nombreux partis sont affaiblis ou en proie à des clivages idéologiques. Logiquement, certaines personnalités se disent qu’elles ont une carte personnelle à jouer et se mettent à leur compte. Plus que des partis, ce sont souvent des écuries personnelles au service d’individus : Karim Bouamrane, Gérald Darmanin, Marion Maréchal…

Aujourd’hui, l’Union des droites pour la République (UDR), c’est "combien de divisions" ?

Nous disposons d’un groupe parlementaire de 16 députés, dont 7 ont moins de 40 ans. Le parti accueille des adhérents depuis le mois d’août et leur nombre est actuellement de 12 000. Pour donner un ordre de grandeur, le mouvement d’Emmanuel Macron en compte, selon les révélations du Figaro, 8 500. Avant les législatives LR avait 25 000 militants à jour de cotisation. La plupart de nos encartés étant d’anciens LR, il est probable que ce chiffre soit en baisse. Je note également que beaucoup de jeunes de droite désireux de s’engager viennent à l’UDR plus que chez LR. C’est important, la jeunesse c’est l’avenir. Les élections municipales seront l’occasion d’étendre notre réseau d’élus.

"L’UDR compte 12 000 adhérents, soit plus que le parti d’Emmanuel Macron"

Quelle est la ligne politique de l’UDR, quelles sont vos différences avec le RN ?

À l’origine, nous pensions incarner une ligne économiquement plus libérale que le RN sur les questions économiques. Mais peu à peu, le RN adopte un discours de plus en plus pro-business. Il pourra toujours y avoir des différences entre RN et LR, elles apparaîtront probablement au fil de la législature. Néanmoins, force est de constater que LR, RN et UDR ont plus de points communs que les partis membres du NFP qui, pourtant, parviennent à s’allier. Pourquoi la droite ne pourrait pas faire ce que fait la gauche ? Dommage qu’une partie de l’appareil LR ne soit pas sur notre longueur d’onde.

Pourquoi cette réticence ? Dans l’hémicycle, quelles sont les relations entre LR et l’UDR ?

Au début de la législature, elles étaient mauvaises et nous nous parlions peu, nous étions des pestiférés. Depuis quelques semaines, les choses s’apaisent et la coexistence se passe bien. Cela est logique puisque, sur le fond, la plupart des LR "canal historique" pensent la même chose que nous sur bien des sujets. Je suis persuadé qu’ils sont restés chez LR pour des raisons "logistiques" : profiter du front républicain pour se faire réélire, faciliter sa reconversion dans le privé…

Il est toujours difficile d’enclencher un bouleversement politique. Les anciens LR qui ont suivi Ciotti paient le fait d’avoir eu raison trop tôt, mais l’Histoire joue pour nous, l’union des droites se fera tôt ou tard.

Vous avez milité des années chez LR, quel est votre regard sur le parti ?

Encore une fois, la majorité des militants, des électeurs et des élus LR sont sur notre ligne. Les élus ne franchissent pas le Rubicon pour des raisons politiciennes. Ils ont choisi l’alliance avec le macronisme, c’est peut-être un bon choix de carrière à court terme. Mais ils seront associés au bilan du Président, seront contraints d’être dans la synthèse permanente, donc de se renier. Cela fait de LR un parti impuissant.

Propos recueillis par Lucas Jakubowicz

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