Sulfureux député LFI du Nord, David Guiraud a énormément regardé les vidéos d’Alain Soral et de Dieudonné durant ses jeunes années. Ce fils d’élu socialiste aurait tout à fait pu basculer vers un autre extrême…
Politique-fiction : David Guiraud, à fond derrière Marine Le Pen
Nous sommes au printemps 2007. Un ado de 15 ans frappe à la porte du siège du FN de Seine-Saint-Denis et demande à prendre (en toute discrétion) sa carte de militant au Front national de la jeunesse, le FNJ. Ce n’est pas n’importe qui puisqu’il s’agit de David Guiraud, fils du maire PS des Lilas. Comment en est-il arrivé-là ?
Biberonné à l’antisémitisme
Cela fait plusieurs années que le petit David regarde à haute intensité les vidéos de Dieudonné, d’Alain Soral et de suprémacistes. En plus d’être biberonné à l’antisémitisme, l’introverti se retrouve dans les idées de l’extrême droite digitale : les hommes blancs, obligés de baisser la tête, seraient "émasculés" par le féminisme, la gauche et la diversité. Parmi les architectes de cette tragédie, le parti de son père. Alors, lorsque son idole Alain Soral intègre l’équipe de campagne de Jean-Marie Le Pen dans le cadre de la présidentielle de 2007, David Guiraud décide de franchir le pas. "Je suivrai partout celui qui a mis des mots sur ce que je ressens au quotidien", se promet-il.
Attendant sa majorité pour agir au grand jour, il reste discret, ne tracte pas, ne s’affiche pas. Mais renouvelle son adhésion chaque année… Faisant profil bas, gardant ses convictions pour lui, il étudie la science politique à Tolbiac et observe silencieusement les ravages de ce que ses mentors nomment "le gauchisme", "le multiculturalisme", "le droit de l’hommisme". Sous pseudo, il continue à contribuer régulièrement sur les forums de sites tels Fdesouche, Égalité et Réconciliation, Jeuxvideo.com. David Guiraud y travaille ses arguments, son sens de la formule.
À 20 ans, il se met à singer Julien Rochedy, patron du FNJ, devenu son idole et son idéal
Se dédiaboliser pour mieux monter
En 2010, à 20 ans, il sort du bois et fait son coming out. Marine Le Pen s’apprête à prendre le parti et le dédiaboliser. En 2012, elle se présente pour la première fois à la présidentielle et David Guiraud s’engage. S’adaptant à la nouvelle ligne, il cache sous le tapis ses idées de jeunesse et se trouve une nouvelle idole: Julien Rochedy, emblématique patron du FNJ. Il se met à l’imiter en adoptant son phrasé, son style vestimentaire, son attitude. Falot, peu charismatique mais fidèle, il grimpe peu à peu les échelons et devient président des Jeunes avec Marine en 2017. Une révélation.
Crever l’écran puis gagner une circo
David Guiraud trouve enfin son style, sort de sa réserve et se fait connaître comme l’un des meilleurs débatteurs du PAF. Sur tous les plateaux, il défend avec verve "les oubliés", "les jeunes qui n’ont pas le privilège de la diversité", prône "le droit à se balader en jupe que l’immigration massive empêche dans bien des quartiers". C’est lui qui est l’inventeur du slogan "On est chez nous !", scandé à tous les meetings. Son passé de geek lui permet de développer une véritable force de frappe digitale et de devenir une figure de proue de la jeunesse identitaire. En récompense de ses bons et loyaux services, il reçoit une circonscription en or en 2022 : la 8e du Var autour de Draguignan. Il l’emporte largement au second tour et se fait reconduire au premier en 2024.
Depuis le 7 octobre, David Guiraud est devenu proche de Meyer Habib et a lancé le hashtag LFIantisémites. Pour faire oublier son passé soralien ?
Pro-Netanyahu
Aux Lilas, dans l’appareil du RN, dans le Var, David Guiraud a développé une aversion pour l’immigration, notamment musulmane. Dédiabolisation oblige, il garde sa haine pour lui. Appliquant le principe "les ennemis de mes ennemis sont mes amis", il est devenu depuis le 7 octobre un fidèle soutien de la droite israélienne, s’affiche avec Meyer Habib, a lancé sur X les hashtags LFIslamistes et LFIantisemites. Une façon de faire oublier son passé soralien ?
Lucas Jakubowicz