À l’heure où ces lignes sont publiées, Joe Biden semble en bonne posture pour succéder à Donald Trump, même si celui-ci a annoncé des recours judiciaires. Toutefois, le républicain a mieux résisté que prévu au point de déjouer les pronostics. Voici les raisons de sa relative bonne santé électorale.

L’économie plus importante que le coronavirus

La gestion de la crise sanitaire, une épine dans le pied pour Donald Trump ? Pas forcément aux yeux des Américains qui, selon un sondage CNN réalisé le 3 novembre, révèle que 48% des Américains estiment que l’administration en place gère plutôt bien l’épidémie de coronavirus.

Le même sondage note également que la situation économique est le principal critère pris en compte par les électeurs. Un atout pour Donald Trump puisque, sous son administration (avant la crise de la Covid-19), le chômage était à son plus bas et les salaires au plus haut. Si le profil du président sortant est clivant, il a rempli le portefeuille de millions de citoyens qui ont reconnu ce mérite le Jour J. La question raciale, sur- traitée par les médias n’est jugée prioritaire que par 21% de l’électorat. La preuve d’une rupture entre élites médiatique et peuple ? C’est bien possible.

Donald Trump solide dans les swing states

C’est la bonne surprise de l’élection pour Donald Trump : pour le moment, il résiste bien dans les swing states qui l’ont porté à la présidence en 2016. Dans la rust belt, il remporte l’Ohio avec 53,3% des suffrages, améliorant même son score par rapport à 2016 (51,65%). Ce qui a longtemps laissé présager une possible victoire dans le Wisconsin, la Pennsylvanie et, pourquoi pas, le Michigan, États socialement similaires. Dans le Sud, il fait main basse sur la très stratégique Floride avec 51,2% des voix, soit un meilleur score qu’en 2016. Notons également la victoire du GOP dans le Minnesota, qui avait pourtant choisi les démocrates il y a quatre ans. Les "cols bleus" des États du Nord-Est semblent de son côté. L’effet middle class Joe a pesé plus faiblement que prévu.

Dans l'Ohio, Donald Trump fait mieux qu'en 2016. Il remporte même le Minnesota

Bastions républicains : Trump parfois meilleur qu’en 2016

Dans de nombreux États remportés en 2016, Donald Trump fait encore mieux. Tel est le cas du Mississipi (57% contre 61%), En Louisiane, Oklahoma, Dakota du Nord… son score ne varie pas, voire s’améliore légèrement. Au Texas, que certains démocrates espéraient faire basculer, son score reste stable à 52%. Ces victoires sont significatives et prouvent que, malgré son profil franc-tireur, le candidat est capable de mobiliser sa base, notamment les 80 millions de protestants évangéliques. Le Lincoln Project (les républicains appelant à voter Biden) ne semble pas avoir eu d’influence notable, à part, peut-être en Arizona terre de feu John McCain, figure de proue des républicains modérés).

Image

Latinos for Trump ! Incroyable mais vrai

C’était un gros espoir pour Joe Biden : mobiliser en masse les Latinos pour remporter le scrutin sans appel. Le démocrate pensait jouer sur du velours. Après tout, les propos de Donald Trump sur le mur de séparation avec le Mexique jouait en sa faveur. Mais les Latinos ont aussi profité du "boom économique" pré-Covid.

Pour le moment, 35% des hommes latinos ont choisi Donald Trump, 3 points de mieux qu'en 2016 !

Résultat, si les démocrates restent en tête dans cette communauté non homogène (les cubains sont plutôt républicains), ils reculent. Pour le moment, Donald Trump recueille 35% des suffrages des hommes latinos, soit 3 points de plus qu’en 2016. Il passe également de 25 à 28% chez les femmes latinos. Soulignons également, que Donald Trump fait, pour le moment, mieux chez les hommes afro- américains en 2016 qu’en 2020 (13% contre 17%). Un score est symbolique : celui de Miami. Hillary Clinton avait récolté 63% des bulletins latinos, Biden garde à peine la majorité (53%).

Prime au sortant

Les États-Unis ont tendance à accorder une "prime au président sortant". Depuis 1974, Richard Nixon, Bill Clinton, George Bush et Barack Obama, tous candidats à leur réélection se sont imposés. Seules exceptions : Jimmy Carter en 1981 et George Bush père en 1992.

Quel que soit le résultat final de l'élection, Donald Trump aura montré que son élection de 2016 n'était pas uniquement lié à un concours de circonstances extraordinaire. Pour preuve, le 4 novembre en fin d'après-midi (heure française), il avait séduit plus de 4 millions d'Américains de plus que lors de la précédente présidentielle.

Lucas Jakubowicz

NB : les résultats n’étant pas tous dépouillés, rien n’est joué. Le papier sera actualisé le cas échéant.

Newsletter Flash

Pour recevoir la newsletter du Magazine Décideurs, merci de renseigner votre mail

{emailcloak=off}