Zéro mort du coronavirus. Le miracle vietnamien
La gestion de la crise sanitaire par le gouvernement d Hanoï peut se résumer en quelques chiffres : 0 décès, 268 cas ; données confirmées par l’OMS et l’université John Hopkins. Exceptionnel pour un pays de 98 millions d’habitants partageant 1 300 kilomètres de frontière avec la Chine. Pourtant, le pays n’a pas déployé un système de tracking high tech ou testé massivement sa population. Le gouvernement dirigé par Nguyen Xuan Phuc a misé sur une technique low cost mais précoce.
Le premier cas a été identifié le 23 janvier et, dès le 1er février, le pays a fermé sa frontière avec la Chine et annulé toutes les liaisons aériennes. Il a également fermé les écoles, confiné sa population obligée de porter un masque dans les lieux publics. L’industrie textile nationale a été immédiatement mobilisée pour produire les équipements nécessaires et les voyageurs d’office placés en quatorzaine.
Les malades ont été placés en isolement et, stratégie unique au monde, il en a été de même pour toutes les personnes en contact avec eux. C’est ainsi que 75 000 Vietnamiens se sont retrouvés en quarantaine préventive sous le contrôle des autorités sanitaires. Pour identifier les malades et leur proches, le parti communiste qui dispose de nombreuses antennes locales et d’un fort pouvoir a été mis à contribution. Ce "flicage" propre aux pays de tradition communiste a été le facteur clé du succès sanitaire Vietnamien. Le régime a mis de côté un travers également répandu dans la doctrine des pays autoritaires : la censure. Il s’est au contraire distingué par une communication transparente et pédagogique.
Si le cas vietnamien peut surprendre l’opinion publique, le pays est habitué à gérer les épidémies. En 2003, alors que le Sras ravageait l’Asie, seuls 63 malades ont été recensés au Vietnam. Fin avril, le pays a passé une semaine sans un seul cas de Covid-19 diagnostiqué. Il a même proposé d’envoyer vers les États-Unis des avions remplis de masques de protection.
Lucas Jakubowicz