Pari tenu pour Boris Johnson
Il le savait, le risque était élevé. En provoquant des élections législatives anticipées, Boris Johnson jouait son poste de premier ministre et, avec lui, l’avenir du Brexit. Son opposant travailliste, Jérémy Corbyn avait été clair sur ses intentions : lui élu, il s’engageait à renégocier l’accord arraché à Bruxelles en octobre dernier, puis à le soumettre à l’approbation des citoyens britanniques via un nouveau référendum leur donnant le choix entre une sortie de l’Union avec cet accord nouvelle version et… pas de sortie du tout.
Les coudées franches
Boris Johnson, de son côté, s’y était engagé : s’il remportait l’élection, il mettrait le Brexit en oeuvre selon les modalités négociées à Bruxelles et une fois de plus rejetées par le parlement britannique au 31 janvier prochain. Pour cela obtenir la majorité ne suffisait pas. Il lui fallait être réélu avec la majorité absolue afin d’avoir enfin les coudées franches. Le pari était donc risqué et l’enjeu, majeur.
Pour BoJo, c'est la fin du suspense et pour le Brexit, la sortie de l'impasse.
Le 12 décembre, le résultat du scrutin lui donnait pourtant raison en le réélisant à la tête du gouvernement et en accordant à son parti, avec 364 sièges contre 203 pour les Travaillistes, la majorité absolue dont il avait besoin. Pour Boris Johnson, c’est la fin du suspense et pour le Brexit, la sortie de l’impasse. Une double victoire que les Conservateurs doivent en partie au ralliement du Brexit Party de Nigel Farage.
Négociations, suite et fin
Première étape du nouveau calendrier politique: la présentation, prévue avant Noël, de l’accord négocié avec Bruxelles aux 650 députés nouvellement élus de manière à tenir la date de sortie du 31 janvier et écarter tout risque d’un quatrième report. Passée cette date, restera au gouvernement britannique à organiser l’après, à savoir à définir et négocier les termes des nouvelles relations commerciales que le Royaume-Uni entretiendra, à l’avenir, avec les différents pays partenaires. Tâche qui devrait s’avérer aussi ardue, sinon plus, que l’aura été sa sortie effective de l’Union européenne, c’est dire… et qui devrait occuper le gouvernement une bonne partie de l’année prochaine, la deadline pour voir ces négociations aboutir à des accords définitifs ayant été fixée à la fin décembre 2020. Toujours prompt a réagir, Donald Trump a immédiatement rassuré son homologue britannique en promettant au Royaume-Uni un accord commercial "potentiellement bien plus gros et lucratif que tout accord conclu avec l’Union européenne."
Caroline Castets